Pour son premier long métrage, la réalisatrice syrienne Gaya Jiji a vu son film "Mon tissu préféré" retenu dans la sélection Un Certain Regard. Basée en France depuis 2012, Gaya a placé l'action de son film à Damas, en mars 2011, c'est à dire au moment même où commençait dans cette ville la révolte contre Bachar el-Assad. Toutefois, c'est d'une autre révolte, celle d'une jeune fille, Nahla, contre sa famille et la situation des femmes dans son pays, que la réalisatrice a choisi de nous parler. Alors que sa mère souhaite la marier avec un prétendant, Samir, un syrien vivant aux Etats-Unis, afin de faciliter une émigration vers ce pays, Nahla rêve d'un amant imaginaire et Samir jette son dévolu sur Myriam, une de ses sœurs. Changement d'orientation pour Nahla qui prend une chambre chez la mère maquerelle qui vient de s'installer deux étages au dessus de l'appartement familial. Cela va permettre à la réalisatrice de montrer, en particulier au travers des fantasmes des uns et des autres, que, si la situation des femmes en Syrie n'est pas des plus enviables, celle des hommes n'est guère plus brillante. On peut regretter que la réalisation, souvent trop décousue, ne soit pas tout à fait à la hauteur du sujet, mais "Mon tissu préféré" n'en demeure pas moins un film intéressant, parfaitement photographié par Antoine Héberlé et accompagné par une belle musique originale composée par Peer Kleinschmidt et des musiques syriennes de très grande qualité.