La scène ; un repas animé entre amis et relations professionnelles dans le Paris bourgeois intello, le bon vin coule à flot, la nourriture provenant de bons traiteurs est copieuse, assis par terre ou sur un canapé, autour d’une table basse, à la bonne Franquette version luxe.
Le salon est meublé de bibliothèques remplies de livres, presque tous lus, les discussions tournent autour du futur des livres et de l’essor des formats électroniques ou audio.
Sont présents : une actrice, un écrivain, une directrice de com d’un homme politique, un éditeur et des amis « bobos ». Tous participent au débat, ils discutent également des réseaux sociaux, des stratégies de rachats, de politique, de séries… L’art de la rhétorique prévaut sur le fond, on rit, on s’échauffe, mais cela reste bon enfant. Personne n’aborde les marivaudages de leurs « Doubles vies ».
Pour la première fois, Olivier Assayas s’essaye à la comédie avec un scénario quelque peu fourre-tout, bourré de dialogues qui sont les seuls moteurs du film. Les causeries incessantes ne seront pas au goût de tout le monde, elles ont pourtant le mérite de tisser les liens qui existent entre les personnages et sont bourrées d’humour. Juliette Binoche est très naturelle (à la fois douce et déterminée), Vincent Macaigne est fidèle à ses hésitations et errements, Nora Hamzawi est excellente en véritable Parisienne aussi détestable que finalement touchante. Seul Guillaume Canet semble un peu fade mais cela est aussi lié à son personnage. Enfin, il sera difficile de résister au charme animal de Christa Theret.
Le film a un je ne sais quoi de nostalgie des soirées mondaines des années 70, la qualité d’image datée (filmée en super16) doit y être pour quelque chose. Le grain de sel mêlé au grain d’image.
Au final, le film n’apporte pas de réponses aux questionnements, la société se transforme à bien des niveaux, on parle de livres et de bits, les repères eux-mêmes bougent et les sentiments semblent les seuls jalons (pourtant eux aussi mouvants) réellement nécessaire.
Ainsi, arrivé à la conclusion d’un repas un peu trop lourd, les convives cessent de débattre pour pouvoir digérer en paix avant de mieux recommencer…