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    Madame Fang
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    🎬 RENGER 📼
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    7 220 abonnés 7 513 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 11 janvier 2023
    Dans un petit village chinois, on suit les derniers instants de vie de Fang Xiuying, une ouvrière et mère de famille. Après avoir été hospitaliser en 2015, on lui a diagnostiqué une forme de dégénérescence sénile dû à la maladie d’Alzheimer. Renvoyée chez elle et entourée des membres de sa famille et de ses voisins, elle se meurt petit à petit, mais la mort n’est pas aussi proche qu’il n’y parait…

    Après nous avoir immergé pendant plus de 9h en plein cœur de la lente agonie d’une cité industrielle (À l'ouest des rails - 2003), Wang Bing s’est attelé à un tout autre exercice, bien plus court et moins contraignant en termes de tournage, en allant filmer la mère d’une amie dont ses derniers jours étaient comptés. A l’époque, le tournage avait dû être fait dans l'urgence, compte tenu de la santé de Mme Fang qui déclinait rapidement, si bien qu’il n'aura duré que 7 jours avant qu'elle ne décède à l’âge de 69ans.

    Madame Fang (2017) 方绣英 est un documentaire minimaliste et intimiste qui nous montre sans fioriture les derniers moments de la vie d’une sexagénaire sur le point de quitter la vie. Le réalisateur est parvenu à éviter tout pathos mais le film n’en reste pas moins malaisant, en effet, il filme en gros plan Mme Fang, cette dernière étant alitée, immobile, la bouche grande ouverte, le visage émacié, les yeux écarquillés et ne clignant jamais des yeux (si bien que ces proches se demandent constamment si elle est toujours en vie). Un sentiment de gêne et de malaise face à ce triste spectacle, d’autant plus que l’on assiste impuissant à un véritable défilé. Par moment, ils sont jusqu’à 10 à être à son chevet, ils sont bruyants, parfois la clope au bec, n’attendant qu’une chose, qu’elle pousse son dernier soupire. « On lui met ses habits mortuaires ? » dixit l’un d’entre eux alors même que Mme Fang est parfaitement vivante (c’est à croire qu’ils avaient hâte d’en finir).

    Le réalisateur a aussi voulu montrer le quotidien des voisins de Mme Fang, si bien que l’on assiste à des parties de pêche, tout en alternant avec la lente agonie de la pauvre femme. Au final, on se retrouve partagé devant cet étrange documentaire qui s’éternise avec des plans fixes interminables et cette déroutante approche de la mort, à la limite du voyeurisme…

    ● http://bit.ly/CinephileNostalGeek ● http://twitter.com/B_Renger ●
    Pascal
    Pascal

    159 abonnés 1 651 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 27 novembre 2021
    Wang Bing est un documentariste Chinois qui propose dans son oeuvre un tour d'horizon de son pays. Chaque film est un morceau du puzzle. Son cinéma se caractérise par de longs plans séquence qui par petites touches permet au spectateur exigeant, d'être infusé par les images et finit par être touché profondément par ce qu'il voie. Ses films sont longs parfois même très longs ( jusqu'à 9hoo pour "à l'ouest des rails". ). La Rochefoucauld écrivait que " seuls le soleil et la mort ne peuvent se regarder en face" et bien Wang Bing se propose de nous montrer les derniers instants de vie d'une femme, Mme Fang , une chinoise anonyme de soixante dix ans. Il nous montre que la vie continue pendant son agonie. Les villageois pêchent comme à leur habitude, un.membre de la famille reproche à un parent des futilités, on se souvient de moment de la vie de Mme Fang au pieds de son lit, on discute de son enterrement à côté d'elle alors qu'elle peut entendre. Atteinte de la maladie d'alzheimer Mme Fang s'éteindra à la fin. Pour une fois, le film de Wang Bing est d'une durée normale. Il renvoit à une période de la vie qui est celle de l'agonie et qui nous rappelle que dans les derniers instants, même entouré, nous sommes seul face à la mort. Finalement le film est une façon de nous renvoyer à la vie et au savoir vivre la vie. Car au final, "le vent nous emportera " comme le titra Kiarostami pour un de ses films, reprenant ainsi un vers d'un poème Iranien.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    689 abonnés 3 012 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 31 janvier 2021
    Mrs. Fang capte pendant de longues minutes les regards perdus et les mouvements douloureux d’une femme en fin de vie comme pour les forcer à signifier quelque chose, les faire dialoguer avec un spectateur qu’ils raccordent à sa finitude et à la fragilité de son existence. Pourtant, c’est moins ce lent glissement vers la disparition qui s’avère digne d’intérêt que la façon qu’a l’entourage de la mourante de continuer de vivre : la perspective du deuil les conduit à parler argent, à aller pêcher pour pallier des difficultés financières liées à leur condition sociale. En ce sens, Wang Bing retrouve la veine politique de son cinéma : voir une partie de pêche périlleuse, voir une femme âgée manger son bol de nouilles devant un quartier ouvrier délabré et spectral, assise dans un fauteuil que soutiennent des cales disparates, en disent davantage sur la Chine que le mutisme doloriste de ladite Fang, dont les expressions corporelles et faciales sont liées à l’universel dépérissement des êtres – en l’occurrence ici la maladie d’Alzheimer. En outre, le documentaire confond l’exploration d’une personne avec son exploitation à l’écran, n’hésitant pas à violer l’intimité d’une vieille dame mise à nu à son insu dans un but esthétique, afin de ravir les derniers sursauts d’une âme en train de s’en aller et de les immortaliser par la caméra, pour le cinéma.
    Christoblog
    Christoblog

    828 abonnés 1 674 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 juin 2018
    Si vous êtes lecteur assidu de Christoblog, vous savez que je suis un grand fan de Wang Bing, et de ses projets qui dépassent les bornes habituelles du documentaire.

    Le nouvel opus du génial chinois parait être un court-métrage (1h26), au regard de son film présenté au dernier Festival de Cannes, Les âmes mortes, qui dure... 8h26.

    Ici, Wang Bing va à l'essentiel : quelques plans très courts sur une femme qui semble perdue (elle est victime d'une forme de la maladie d'Alzheimer), puis on passe très rapidement à cette même femme, dont le corps ne semble plus le même, en train de mourir parmi les siens.

    La caméra s'attarde donc longuement sur cet être humain qui n'est pas conscient d'être filmé, ce qui peut générer chez le spectateur un sentiment très perturbant de culpabilité. On regarde ce corps littéralement disparaître, mourir, alors que la famille tente de subsister autour du lit de mort, va pêcher des poissons (scènes de nuit d'une beauté vaporeuse), boit de l'alcool, ne fait rien, regarde ailleurs.

    C'est à la fois brillant, profond, et déstabilisant. C'est la mort en face dans un océan de trivialité, le sublime qui semble naître d'un mouvement incontrôlé de la mourante, un éclair d'humanité qui surgit quand un mouvement des yeux semble moins erratique que les autres.

    Wang Bing, comme d'habitude, nous bouscule et nous brusque, respectueux sans être empathique. C'est du grand art.
    Yves G.
    Yves G.

    1 461 abonnés 3 488 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 25 juin 2018
    À soixante ans, Mme Fang, une modeste paysanne du Zhejiang a été frappée d'une forme rare de la maladie d'Alzheimer.
    Le documentariste Wang Bing filme sa longue agonie et sa famille qui la veille.

    Ne vous fiez pas à l'affiche du film qui campe une vieille femme aux cheveux argentés, aux joues rebondies et au port altier. C'est la seule image du film qui sauve la dignité de la mourante. Car l'essentiel du documentaire se passera près de son lit de mort où elle agonise en silence, le regard vitreux, le visage émacié.

    Wang Bing filme la mort. Frontalement. Sans fard. Avec une transparence qui mettra mal à l'aise tous ceux qui ont fait l'éprouvante expérience du deuil d'un parent qui, la vieillesse venue, voit la vie peu à peu lui échapper jusqu'à l'instant ultime.

    Wang Bing filme l'agonie d'une vieille femme - à laquelle on donnerait presque vingt ans de plus que son âge. Toute sa vie semble lui avoir échappé mais elle n'est pas encore morte. Sa mort est à la fois redoutée et espérée, qui la délivrera de ses souffrances et délivrera ses proches d'une interminable attente sans espoir.

    Madame Fang meurt chez elle, entourée d'une bruyante famille, son fils, sa fille, ses beaux-enfants. Manque à l'appel un petit-fils dont l'absence fait l'objet de longs débats incompréhensibles. Mais tout le monde est là. Pas l'ombre d'un médecin ni de médicaments au chevet de la malade. Que signifie une telle absence ? La famille n'a pas l'air si pauvre au point de ne pouvoir en supporter le coût.

    Le documentariste se fait anthropologue en filmant les Chinois face à la mort. Un Occidental sera frappé par l'indolence des protagonistes, qui discutent bruyamment au chevet de madame Fang, sans se soucier d'elle, comme si elle était déjà morte. Le chagrin n'est visible qu'à la mort de l'aïeule. Pudeur du cameraman de ne pas l'avoir filmé plus tôt ? Ou indifférence des proches de la défunte ?

    Wang Bing est habitué des documentaires écrasants. "À l'ouest des rails", qui l'a fait connaître en Occident, durait 9h11 ; "À la folie" 3h47 ; "Les Âmes mortes", son prochain film, dont la sortie est prévue à l'automne, 8h15. "Madame Fang" avec ses 1h26 fait figure de court métrage. Pour autant, Wang Bing a toujours la même façon de filmer, en interminables plans séquences, au chevet de la mourante, ou sur les chemins de halage du village où elle habite, en suivant des cousins partis pêcher. Ces scènes insignifiantes, dont seule l'accumulation fait sens, sont interminables et viennent à bout de l'endurance des spectateurs les plus résistants.
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