Dans un petit village chinois, on suit les derniers instants de vie de Fang Xiuying, une ouvrière et mère de famille. Après avoir été hospitaliser en 2015, on lui a diagnostiqué une forme de dégénérescence sénile dû à la maladie d’Alzheimer. Renvoyée chez elle et entourée des membres de sa famille et de ses voisins, elle se meurt petit à petit, mais la mort n’est pas aussi proche qu’il n’y parait…
Après nous avoir immergé pendant plus de 9h en plein cœur de la lente agonie d’une cité industrielle (À l'ouest des rails - 2003), Wang Bing s’est attelé à un tout autre exercice, bien plus court et moins contraignant en termes de tournage, en allant filmer la mère d’une amie dont ses derniers jours étaient comptés. A l’époque, le tournage avait dû être fait dans l'urgence, compte tenu de la santé de Mme Fang qui déclinait rapidement, si bien qu’il n'aura duré que 7 jours avant qu'elle ne décède à l’âge de 69ans.
Madame Fang (2017) 方绣英 est un documentaire minimaliste et intimiste qui nous montre sans fioriture les derniers moments de la vie d’une sexagénaire sur le point de quitter la vie. Le réalisateur est parvenu à éviter tout pathos mais le film n’en reste pas moins malaisant, en effet, il filme en gros plan Mme Fang, cette dernière étant alitée, immobile, la bouche grande ouverte, le visage émacié, les yeux écarquillés et ne clignant jamais des yeux (si bien que ces proches se demandent constamment si elle est toujours en vie). Un sentiment de gêne et de malaise face à ce triste spectacle, d’autant plus que l’on assiste impuissant à un véritable défilé. Par moment, ils sont jusqu’à 10 à être à son chevet, ils sont bruyants, parfois la clope au bec, n’attendant qu’une chose, qu’elle pousse son dernier soupire. « On lui met ses habits mortuaires ? » dixit l’un d’entre eux alors même que Mme Fang est parfaitement vivante (c’est à croire qu’ils avaient hâte d’en finir).
Le réalisateur a aussi voulu montrer le quotidien des voisins de Mme Fang, si bien que l’on assiste à des parties de pêche, tout en alternant avec la lente agonie de la pauvre femme. Au final, on se retrouve partagé devant cet étrange documentaire qui s’éternise avec des plans fixes interminables et cette déroutante approche de la mort, à la limite du voyeurisme…
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