Trésor d’émotions, qui bénéfice par ailleurs d’une mise en scène extrêmement prenante, dans la construction de son arc narratif, dans les plans notamment de ce sacré bébé, même de ce bébé sacré. Nous sommes quasi dans un thriller psycho-affectif, tant il va exister comme une urgence de pouvoir offrir à ce petit bonhomme, ce petit poème, le développement le meilleur possible, quand la vie débute par un abandon.
Va alors se déployer une formidable chaîne de professionnels, qui chacun dans son rôle, (PMI, ASE, assistant familial, service adoption, etc…) va non seulement veiller mais aussi organiser chaque micro-détail de ce qui va se passer pour le petit homme, afin de venir compenser avec un amour prenant et troublant de puissance, les premiers pas difficiles. Ce qui sera dit à la candidate à l’adoption : « Dans la vie, on a tous des champs de mine et des champs de fleurs, ce qu’on veut savoir si vous avez réussi à déminer votre champ ». Des professionnels de l’empathie.
Pupille, c’est aussi la sacralisation des essentielles missions de service public, et ici en l’occurrence celles de la protection de l’enfance. Ni misérabiliste, tout étant très pudique, « Pupille » a la force et l’intelligence du réalisme, en portant un fol espoir, qui s’incarne par la force des convictions des femmes et hommes qui vont livrer ce noble combat des héros anonymes ordinaires, donner la vie sur la vie, porter la résilience en étendard. Un hommage rare, qui sort des sentiers battus, sincère et utile de la réalisatrice Jeanne Herry.
Dans Pupille, on est dans le vrai, la cinéaste a filmé avec cœur et cerveau, promesse d’une belle est grande réussite, d’un chef d’œuvre subtil et charnel d’humanité, porté par l’engagement à l’écran des très grands et bons Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Elodie Bouchez, Olivia Côte, Miou-Miou, et tellement d’autres.
C'est baigné de lumière, c'est une explosion intense d'émotions.