Il faut énormément de talent pour réaliser un film qui soit à la fois aussi riche en informations qu'un bon documentaire tout en étant passionnant d'un bout à l'autre en ce qui concerne la partie fictionnelle. Ce talent, Jeanne Herry, la fille de Miou-Miou et de Julien Clerc, prouve avec "Pupille" qu'elle en a à revendre. Son film s'intéresse à l'adoption, non pas pour parler des problèmes éventuellement rencontrés lorsque l'enfant adopté veut absolument retrouver ses parents biologiques, ça; on a déjà vu très souvent au cinéma, mais pour raconter dans le détail le long processus qui, dans le meilleur des cas, se termine par une adoption et qui implique ici une mère qui ne veut pas de son enfant et une femme qui ne peut pas en avoir.
Le talent, Jeanne Herry en fait preuve dans tous les domaines : dans la conduite du récit, avec, en particulier, ce qu'il faut de flashbacks pour casser une linéarité qui, sinon, aurait pu être lassante, dans le montage (tous les plans ont la bonne durée, certains palmés d'or récents pourraient en prendre de la graine !), dans le choix des plans, dans la direction d'acteurs. Il faut dire que, concernant ce dernier point, la réalisatrice les a parfaitement choisis : Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, superbement touchant en assistant familial, Elodie Bouchez, qu'on retrouve avec plaisir dans un grand rôle, absolument bouleversante en adoptante, Clotilde Mollet, une comédienne qu'on voit trop peu et extraordinaire dans son rôle de recueillante, Olivia Côte, Stéfie Celma, avec une coupe de cheveux bien différente de celle de 10%. Plus, dans des seconds rôles, une Miou-Miou toujours aussi juste, Youssef Hajdi, Jean-François Stévenin, Bruno Podalydès, Grégory Gadebois, etc.
Dans sa partie documentaire (qui n'écrase jamais la fiction), le film nous montre l'implication extraordinaire des travailleurs sociaux et nous permet de comprendre que leur priorité est de donner de bons parents à des enfants et non de fournir à tout prix un enfant à des parents. Et puis, quelle intelligence d'avoir choisi un homme pour s'occuper du bébé pendant la période de 2 mois donnée à la génitrice pour, éventuellement, revenir sur sa décision d'abandon de l'enfant : l'occasion de montrer qu'un homme est aussi apte qu'une femme à prendre soin d'un nourrisson, avec toute le soin et la tendresse requis.