Décidément, Lellouche tutoie le ciel cette année. Déjà remarquable en réalisateur du magnifique "Le grand bain", le voici acteur dans un jeu fait d’émotions tout en pudeur, d'un naturel surprenant dans ce rôle de travailleur social bouleversant de sincérité. Totalement crédible dans ce contre-emploi... Ce film est par ailleurs porté par des acteurs de qualité avec mention spéciale à Sandrine Kiberlain et Elodie Bouchez, toutes deux bouleversantes d'humanité...
Construit comme un patchwork, le film présente divers plans, en aller-retours chronologiques, montrant par séquences juxtaposées les différents acteurs sociaux qui interviennent au cours du long et complexe processus d'adoption, de l'accouchement sous X à la rencontre finale d'un bébé "pupille officiel' et de sa mère adoptive. Pas d'effets spéciaux, ni de musique envahissante, pas de scénario à rebondissement, ni de suspense, non rien de tout ça dans "Pupille", juste une caméra au plus près des humains qui jalonnent ces quelques mois déterminants. Gros plans sur des visages, des regards et des émotions comme un hommage rendu à ces fonctionnaires de l'ombre, soucieux et responsables, professionnels et fragiles qui s'investissent sans compter pour que l'enfant né sous X puisse trouver le bonheur.
Parallèlement, avec infiniment de sensibilité, la réalisatrice nous fait toucher du doigt la souffrance de ces bébés en "pose", en attente de famille, et celle des adoptants, de leur courage et de leur ténacité...
Sans angélisme, car les faiblesses du système sont évoquées, en périphérie, avec finesse, (mais ce n'est pas le thème du film) ce film a le mérite de mettre en lumière des professions de la petite enfance totalement méconnues, et montre combien notre pays dispose d'un système protecteur et organisé, relativement équilibré entre les droits des uns et des autres, un système perfectible certes mais finalement à la hauteur d'un certain niveau de civilisation auquel il prétend atteindre. Un film magnifique qui montre s'il en était besoin, pour ceux qui en doutent encore, l'utilité des services publics et donc des impôts...