Il y a des films qui vous touchent en plein cœur non pas comme des claques, mais plutôt comme des caresses. Des œuvres qui vous font aimer la vie, qui vous font croire que de belles choses peuvent naître à partir d’autres, moins belles. « Pupille » fait clairement partie de ceux-là, sans pour autant être un long-métrage bêtement niais ou qui enjoliverait trop la vie pour être honnête. Non, il raconte avec simplicité, sans jamais nous perdre ni nous ennuyer une seconde et de manière très documentée le parcours d’un bébé qui naît pupille de l’état. Un enfant né sous X donc et les procédures de son adoption qui vont suivre. En plus d’être éminemment instructif sur ces complexes et nombreuses étapes qui vont jalonner les premiers mois de ce bébé (le scénario prend le parti, à raison, de ne suivre qu’un nouveau-né), on est conquis par la tonalité choisie par Jeanne Herry pour emballer son film. Positive, belle et toujours tournée vers la vie et les émotions sincères qu’une naissance peut provoquer.
Mais « Pupille » ne serait pas aussi réussi sans un casting au dessus de toute critique. La réalisatrice s’est entourée d’acteurs connus qui ne tirent jamais la couverture à eux mais ne font que se donner corps et âme pour le film et le sujet. Elodie Bouchez est délicate de sensibilité, son jeu est d’une justesse qui fait regretter qu’on ne la voie pas plus souvent. Sandrine Kiberlain ajoute encore un rôle mémorable à son carnet déjà bien rempli et se bonifie avec l’âge touchant à tous les genres avec le même brio. La surprise vient plus de Gilles Lellouche qui après le carton du « Grand Bain » derrière la caméra, nous assène un coup de massue émotionnel devant la caméra. Il est épatant de sobriété et de pertinence dans un rôle qu’on ne lui aurait pas attribué de prime abord. Touchant, romantique, fort et tendre, il mérite clairement les bravos. Mais n’oublions pas les moins connus, comme Olivia Côte qui ne cesse de surprendre, doucement mais surement, rôle après rôle dans l’humour ou le drame comme ici. Enfin, l’inconnue Clotilde Mollet est la révélation du film par sa douceur et la profondeur d’un jeu dépourvu de toute fausse note. Le casting français de l’année, sans conteste, pourfendeur d’émotions fortes et vraies.
Il y a peut-être quelques répliques trop écrites et une mise en scène et un déroulement qui pourront apparaître à certains un poil trop documentaires. Quand bien même, cela n’enlève rien à la force de « Pupille » mais au contraire lui accordent une légitimité informative non négligeable. Par des allers et retours dans le temps, des petits détours dans la vie des personnages sans jamais perdre de vue le sujet central ou s’éparpiller et une clarté d’exécution dans le parcours de ce bébé, Jeanne Herry, met la fiction en premier plan en nous rendant moins bête. De plus, le film est très progressiste mais ne tombe pas dans les clichés de certains types d’adoption (on nous épargne le couple gay c’est un autre sujet qui a déjà eu son film) et il n’oublie jamais de traiter la psychologie des personnages. Par des dialogues affûtés ou des gestes simples, Herry touche juste. C’est d’ailleurs l’adjectif qui ressort le plus quand on regarde « Pupille », la justesse. De ton, de traitement et d’approche. Jusque dans l’émotion. Et à ce niveau, discrètement et sans musique encombrante, « Pupille » vous fait verser un torrent de larmes sur la fin. Pas provoqué volontairement, juste parce qu’il vous offre des moments de vie magnifiques entre des personnages beaux et acquis à la plus belle des causes, celle d’un bébé. L’un des plus beaux films français de l’an passé, et très certainement le plus déchirant. Coup de cœur !
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