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benoit_lb
2 abonnés
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4,0
Publiée le 6 avril 2021
Adaptation du roman de Yasmina Khadra, « Les hirondelles de Kaboul » est un film dont on ne sort pas indemne. Il met en parallèle le parcours de deux couples dans le Kaboul de la fin des années 1990 : d’un côté Atiq le geôlier de la prison pour femmes et son épouse Mussarat atteinte d’une maladie incurable forment un couple conventionnel, d’âge mur, qui porte le fardeau de l’histoire et la détresse de l’Afghanistan sur ses épaules, de l’autre Mohsen et Zunaira, couple moderne, beaucoup plus jeune, qui aspire à la liberté d’expression que leur confère leur statut de professeurs et est prêt à se battre pour assurer un futur meilleur à son pays. A travers le destin croisé de ces deux couples, « Les hirondelles de Kaboul » restitue avec beaucoup de justesse l’atmosphère de néant et de peur qui régnait dans Kaboul sous le règne des talibans. La ville y est décrite comme un amas de ruines et de bâtiments abimés par vingt années de guerre, où les milices au service des Taliban règnent en maitre, où toute expression culturelle et artistique a été annihilée et où aucune considération n’est accordée aux femmes. L’histoire de l’Afghanistan est évoquée en filigrane tout au long du film que ce soit à travers les souvenirs de leur guerre contre les Soviétiques que se remémorent d’anciens Moudjahidines ou à travers l’évocation de la vie universitaire et intellectuelle qui existait à Kaboul avant la prise du pouvoir par les talibans. En adaptant le roman de Yasmina Khadra sous la forme d’un film d’animation plutôt que sous celle d’un long métrage classique, Zabou Breitman a pu multiplier les détails permettant de mieux retranscrire le vide de cette période troublée : gamins désœuvrés, chiens errants, femmes uniformément dissimulées sous la même burqa bleue… Le choix de l’aquarelle plutôt que celui d’un graphisme standard apporte beaucoup de réalisme et donne une touche esthétique supplémentaire à l’ensemble, que viennent renforcer les différents jeux de lumière magnifiquement amenés par Eléa Gobbé-Mévellec. Le film met habilement en avant deux thématiques fortes auxquelles il apporte à chacune une réponse à travers un message d’espoir. La première des deux thématiques est liée au conditionnement de l’homme par son milieu : en quoi un régime aussi obscurantiste que celui des talibans peut-il laisser un soupçon d’humanité et de présence d’esprit aux sujets qu’il gouverne ? Sinon comment expliquer qu’un intellectuel comme Mohsen soit amené de son plein gré à participer à une lapidation ? Et comment comprendre l’incapacité d’Atiq à exprimer la moindre émotion y compris lorsqu’il s’agit de panser ses blessures de guerre ? Seule la beauté de Zunaida et, avec elle, ce que la jeune femme représente parviendront à le subjuguer et à le transformer en un homme sensible capable de prendre des risques inconsidérés. La seconde thématique renvoie à l’opposition entre révolte et résignation, dilemme que soulevait dans un registre similaire Mounia Meddour dans « Papicha » : faut-il préférer la première à la seconde ? Atiq et Zunaira sont amenés à réfléchir à la question à plusieurs moments du film : prendre le risque de rester à Kaboul et d’essayer de transformer l’Afghanistan de l’intérieur ou considérer que toute forme de révolte est d’ores et déjà vouée à l’échec et se resigner à fuir le pays ? La dernière scène du film apporte la réponse de Zunaira. Ces deux messages d’espoir que nous délivrent le film au moment de son épilogue sonnent comme le chant des hirondelles annonçant le printemps. Malheureusement le vrai printemps n’est pas encore arrivé à Kaboul. Après plus de quinze ans d’intervention américaine et la mise en place d’élections démocratiques, l’Afghanistan reste un pays où le chaos, la misère et la tentation de l’exil sont la norme. Le rôle des femmes y est toujours aussi réduit et l’espace d’expression d’une Zunaira quasi inexistant.
Un dessin animé où les personnes sont très réalistes en quelques scènes on comprend la détresse d'humains qui essayent de trouver leur place dans une société détruite par le fanatisme. L'amour qui nous envahi et qui est le fondement de la croyance en Dieu subsiste malgré tout.
Afghanistan, été 1998. Kaboul est aux mains des talibans, les prisons pleines à craquer, les femmes asservies, et la terreur règne sur une ville qui suffoque sous la chaleur et le poids de l’obscurantisme. Atiq est gardien de prison. Il s’inquiète pour sa femme gravement malade que ses camarades lui conseillent pourtant d’abandonner à son sort. Mohsen est un professeur d’Histoire qui rêve, avec son épouse Zuniara, d’aller enseigner dans une école clandestine. Dans le foyer d’Atiq, les mots sont rares et tranchants, et le cancer gangrène l’atmosphère déjà pesante. Chez Mohsen et sa femme, on dessine sur les murs et on écoute de la musique en se moquant doucement de celle loi absurde qui oblige les femmes à se soumettre et à porter le tchadri, ce voile intégral duquel seuls dépassent les yeux, des yeux trop souvent témoins de lapidations injustifiées et de scènes de torture.
Ce sont donc ces personnages que l’on va suivre pendant une heure vingt, et c’est dans cette ville de répression et de violence omniprésente que se déroulera cette adaptation de l’oeuvre de Yasmina Khadra. Très rapidement, la magie opère, et le spectateur est transporté par la beauté des aquarelles d’Éléa Gobbe-Mevellec. La musique ne gâche rien à l’esthétisme d’un film dont on reconnaîtra facilement la qualité graphique, et qui mêle douceur et poésie aux pires atrocités.
On touche ici à l’un des points forts des Hirondelles de Kaboul : le film n’est jamais excessivement démonstratif, et préfère la suggestion à la démonstration appuyée. Sa force réside ainsi dans ses détails - un dialogue, le comportement ou le geste insensé d’un personnage - souvent plus pertinents et révélateurs que des scènes de violence gratuite. On appréciera aussi le fait que si la domination des femmes est une des clés de voûte du film, les hommes ne sont jamais montrés comme des bourreaux sans coeur. Mais si poésie et esthétisme servent le film et son message, on pourra en revanche regretter certaines simplifications abusives. L’islam par exemple, n’est montré que dans son aspect le plus radical, à travers les prêches enflammées d’imam fanatiques. De même, le film de Zabou Breitman est peut-être trop court pour que les personnages échappent à une certaine superficialité et que l’intrigue (qui reste très simple et surprend peu) puisse de développer pleinement et s’achever dans un dénouement qui aurait gagné à surprendre ses spectateurs.
Un film au plaisir esthétique indéniable, qui mêle habilement douceur et violence, mais aurait peut-être pu faire encore mieux dans la narration et le travail sur les personnages. Quoi qu’il en soit, on sort tout de même charmés par cette petite trousse esthétique, et bouleversés par ce conte poétique moderne et tristement réaliste, surpris malgré nous que de telles atrocités puissent encore exister. Un beau film à montrer aux enfants.
Un très beau film où l'horreur est décrit tout en finesse (mais est parfois insoutenable de vérité), où l'émotion retranscrit par l'aquarelle est très bien transmis. Les personnage sont attachants. Bravo Zabou pour cette réalisation et les messages d'alertes...
Brillant et subtil,le choix d'une animation aquarelliste est une invitation à la poésie et au voyage,malgré le sujet délicat du sort reservé à la population afghane sous le régime tortionnaire et fou des Talibans.
Adapté du roman de Yasmina Khadra, le film Les hirondelles de Kaboul, sorti en 2019, est une réelle pépite. Les réalisatrices, Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec, reçoivent d’ailleurs le prix du meilleur long-métrage en animation lors de la cérémonie des César en 2020. Les hirondelles de Kaboul relate l’histoire de deux couples qui vivent sous le régime des Talibans après la prise de Kaboul. Le premier couple, Zunaira et Mohsen, sont deux jeunes universitaires qui ne supportent plus l’autorité instaurée par les Talibans et rêvent d’enseigner dans une école clandestine. Le second, Mussarat et Atiq, suivent davantage les règles des Talibans. Atiq s’occupe de sa femme gravement malade, mais ne ressent plus aucune émotion jusqu’au jour où une jeune femme arrive dans la prison où il travaille. Le destin des deux couples finira alors par se rejoindre… Faisant directement échos à l’actualité, ce long-métrage est intéressant car il permet d’en apprendre davantage sur l’Histoire de l’Afghanistan, mais surtout sur les conditions de vie des Afghans lors la première prise de Kaboul par les Talibans. Les conditions de vie passées, étant semblables aux conditions de vie actuelles, engendrent une prise de conscience du retour en arrière, provoquée par cette seconde prise de Kaboul, pour la population et pour les droits de la femme. Réalisée grâce à la technique de l’animation et faisant penser à la technique de l’aquarelle, ce long-métrage semble des plus originaux et le choix des plus judicieux, car certains faits auraient pu être choquants en prise de vue réelle.
Pour débuter, l’histoire est très touchante avec des personnages auxquels je me suis attaché d’autant plus que leur histoire a sûrement dû être vécu dans la réalité. L’histoire d’amour impossible est très belle et triste à la fois et ce film nous rappelle à la perfection le danger de la radicalisation religieuse, sectaire, …
Je tiens cependant aussi à rajouter que j’aurais beaucoup apprécié que le film compare la vie des talibans avec ceux des musulmans autre part comme en France afin de montrer encore mieux à quel point la radicalisation est extrême et je pense notamment aux règles qui sont fixées par les talibans et qui sont ridicules
Ensuite, toute cette histoire et l’importance de ce message est magnifiquement représentée par une animation très belle avec des paysages qui peuvent tout aussi bien être des paysages d’apocalypse avec des maisons détruites que des paysages magnifiques. Qui plus est, les musiques sont très immersives sans abuser sur le côté orientale et nous plonge encore plus dans la tristesse.
Enfin, je vous conseille sincèrement de regarder ce film d’animation exceptionnel pour en apprendre plus sur la vie des afghans qui sont victimes des talibans et je vous invite aussi à découvrir la différence entre les musulmans et les talibans.
on se demande comment ce peuple a pu connaître la vie comme vous et moi et basculer sans le vouloir dans une réalité terrifiante. très beau film. Merci pour la poésie de cet oeuvre. très bon moment.
Une animation subtile ancrée dans le kaboul défiguré par les conflits. À travers l histoire de 2 couples, que tout éloigne, c est le monde des talibans que nous découvrons. Simplement, naturellement, on ressent parfaitement ce que peut être de vivre sous l oppression absurde et violente des talibans. Tiré du roman éponyme de l écrivain algérien Yasmina Khadra, un battement d aile qui, peut-être, portera le vent de la liberté et le respect sacré de la vie humaine.