Un village pillé, une famille en fuite et deux enfants perdus sur les routes de l’exil... Kyona et Adriel tentent d’échapper à ceux qui les traquent pour rejoindre un pays au régime plus clément.
C’est le premier long-métrage de Florence Miailhe. Elle avait montré son talent dans des courts-métrages primés avec le César du Meilleur court-métrage pour Au premier dimanche d'aout et la Mention spéciale - Court métrage au Festival de Cannes pour Conte de quartier. La réalisatrice a écrit le scénario avec Marie Desplechin. La Traversée a été dans la sélection du Festival du Film d'Animation d'Annecy.
Ce film d’animation est un véritable coup de cœur.
L’expérience commence visuellement. Les premiers mots qui me sont venues en tête sont : “œuvre d’art”. En effet, les dessins sont dignes de tableau que l’on pourrait admirer durant des heures. Cette façon de représenter à la manière d’un tableau va donner une originalité certaines. Il y a une véritable prise de risque en se démarquant du style habituel de ce genre de film. Pour autant, ce choix ne va pas nuire à l’animation. Tout est fluide, et au contraire, celle-ci donne une facette nouvelle à cet art. D’autant plus qu’une bande originale magnifique vient accompagner cela. Elle donne le ton à La Traversée.
Car ce n’est pas une thématique facile qui est abordée ici. En effet, nos jeunes protagonistes sont arrachés à leur terre natale pour fuir l’oppression. On va rentrer en plein dans un sujet sensible, celui de l’exil. Pendant 1h30, nous allons nous mettre à leur place, avec leur souffrance et leur peur. C’est terrible de se rendre compte de tout cela. J’ai été profondément touché avec des passages d’une émotion extrême. Kyona et Adriel sont tellement attachants.
J’ai vibré pour leur aventure en espérant leur meilleur pour eux. Bien entendu, le chemin va être semé d’embuche. Entre eux et la sécurité, les obstacles vont être nombreux. Il y a malheureusement toujours des gens pour profiter de leur situation précaire pour les exploiter, et le mot est faible. Heureusement, on va aussi voir le visage de la bonté dans d’autres personnages. Cette aventure devient très prenante, d’autant plus qu’elle est variée. À aucun moment je n’ai senti le temps passer tant le contexte va évoluer. Les protagonistes secondaires apportent tous une grande richesse en étant symbolique d’une situation donnée.
Pour finir, j’aimerai prendre du recul sur la portée de ce film d’animation. En France, les média nous parle beaucoup d’immigration, en racontant les retombé négative que cela aurait, car après tout, ça fait vendre. Beaucoup de gens réagissent mécaniquement, l’inconnue étant l’amis de la peur, de façon tout aussi négative. Cependant, combien de personne se sont penché sur les véritable raison de ces mouvements de population. La Traversée va justement le faire. Elle va donner un visage, une raison, un sens à ces personnes fuyant leur pays pourtant si cher à leur cœur. Se mettre devant cette œuvre, c’est commencer à comprendre que cela n’est pas un jeu pour eux, mais une question de survie.