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5,0
Publiée le 29 septembre 2021
Un village pillé, une famille en fuite et deux enfants perdus sur les routes de l’exil... Kyona et Adriel tentent d’échapper à ceux qui les traquent pour rejoindre un pays au régime plus clément.
C’est le premier long-métrage de Florence Miailhe. Elle avait montré son talent dans des courts-métrages primés avec le César du Meilleur court-métrage pour Au premier dimanche d'aout et la Mention spéciale - Court métrage au Festival de Cannes pour Conte de quartier. La réalisatrice a écrit le scénario avec Marie Desplechin. La Traversée a été dans la sélection du Festival du Film d'Animation d'Annecy.
Ce film d’animation est un véritable coup de cœur.
L’expérience commence visuellement. Les premiers mots qui me sont venues en tête sont : “œuvre d’art”. En effet, les dessins sont dignes de tableau que l’on pourrait admirer durant des heures. Cette façon de représenter à la manière d’un tableau va donner une originalité certaines. Il y a une véritable prise de risque en se démarquant du style habituel de ce genre de film. Pour autant, ce choix ne va pas nuire à l’animation. Tout est fluide, et au contraire, celle-ci donne une facette nouvelle à cet art. D’autant plus qu’une bande originale magnifique vient accompagner cela. Elle donne le ton à La Traversée.
Car ce n’est pas une thématique facile qui est abordée ici. En effet, nos jeunes protagonistes sont arrachés à leur terre natale pour fuir l’oppression. On va rentrer en plein dans un sujet sensible, celui de l’exil. Pendant 1h30, nous allons nous mettre à leur place, avec leur souffrance et leur peur. C’est terrible de se rendre compte de tout cela. J’ai été profondément touché avec des passages d’une émotion extrême. Kyona et Adriel sont tellement attachants.
J’ai vibré pour leur aventure en espérant leur meilleur pour eux. Bien entendu, le chemin va être semé d’embuche. Entre eux et la sécurité, les obstacles vont être nombreux. Il y a malheureusement toujours des gens pour profiter de leur situation précaire pour les exploiter, et le mot est faible. Heureusement, on va aussi voir le visage de la bonté dans d’autres personnages. Cette aventure devient très prenante, d’autant plus qu’elle est variée. À aucun moment je n’ai senti le temps passer tant le contexte va évoluer. Les protagonistes secondaires apportent tous une grande richesse en étant symbolique d’une situation donnée.
Pour finir, j’aimerai prendre du recul sur la portée de ce film d’animation. En France, les média nous parle beaucoup d’immigration, en racontant les retombé négative que cela aurait, car après tout, ça fait vendre. Beaucoup de gens réagissent mécaniquement, l’inconnue étant l’amis de la peur, de façon tout aussi négative. Cependant, combien de personne se sont penché sur les véritable raison de ces mouvements de population. La Traversée va justement le faire. Elle va donner un visage, une raison, un sens à ces personnes fuyant leur pays pourtant si cher à leur cœur. Se mettre devant cette œuvre, c’est commencer à comprendre que cela n’est pas un jeu pour eux, mais une question de survie.
Film incroyable tout en coups de pinceau et en fureur...! Les couleurs vrombrissent, tressautent, se cognent, s'entassent et se chassent, bien plus harmonieuses que celles de l'affiche, celles du cirque notamment... on dirait du Chagall et j'aime Chagall:)) l'héroïne tisse des liens forts avec tous ceux qu'elle croise et, comme elle, on les aime ou les déteste ... La fin est très émouvante et particulièrement bien contée...!
" La Traversée" récompensée cette année au festival Annecy est un film d'animation réussit . En effet ce conte contemporain plutôt destiné à un public adulte peut avoir plusieurs lectures différentes évoquant des thématiques importantes et sensibles ( la guerre, la mort, les camps d'exterminations, l'esclavage, le racisme, le trafic d'enfants…) bref je me suis pas ennuyé une seconde avec en prime un graphique très originale .
Un film d’animation , un pur chef-d’œuvre du genre . Il convoque plusieurs disciplines créatives, pour passer du dessin animé au tableau vivant, dans une féerie de couleurs à la fluidité narrative époustouflante. Un trait, une tache, une bande chromatique et l’histoire grave de l’exil se tient paradoxalement dans cet éclat de couleurs vives ( l’espoir ! ) et ce graphisme étincelant, Un frère et une sœur envisagent de se rendre à Arcata ( aux USA ? ) . Rien n’est jamais vraiment précisé, d’où l’universalité du thème et de son action, la liberté, la fuite, que l’on soit d’ici ou d’ailleurs, qu'importe la couleur de peau, la religion. La traite des enfants, leur exploitation, se mêlent au thème général sur l’exil généré par la violence dictatoriale, la guerre, la destruction, le fanatisme. L’entraide et la fraternité c’est la réponse apportée par la réalisatrice dans sa mise en scène volontariste et spontanée. L’urgence est effectivement quasiment de chaque plan. J’espère que ce film aura autant d’impact que « Josep » voire plus, tellement il est unique, incomparable . Pour en savoir plus
De plus en plus de films d’animation de grande qualité et qui traitent de sujets graves, s’adressent aux adultes….. il est important de le rappeler. En effet nous avons tendance à associer film d’animation= pour enfants, NON ! Davantage encore que ces enfants d’Ukraine, au début du 20ème siècle qui fuient vers l’Europe libre, c’est l’histoire de ces déplacements de population vers un « Monde Meilleur » qui résonne ENCORE aujourd’hui. (Syriens, afghans, pays d’Afrique)
J’ai été particulièrement sensible à la beauté graphique et aux couleurs chaudes, qui embellissent cette histoire sombre. Le récit de ces déplacements de population vers un « Monde Meilleur » est un discours universel qui résonne aujourd’hui avec ces personnes qui arrivent de toutes les régions du monde….
Kyona et Adriel sont à peine sortis de l’enfance et doivent prendre le chemin de l’exil après que leur village a été la cible de persécutions. Brutalement séparés de leurs parents, pris dans une rafle, ils échouent dans une grande ville où ils trouvent refuge au milieu d’autres enfants perdus. Leur long exode vers un pays plus clément sera ponctué d’épisodes heureux ou malheureux : une traversée périlleuse, un cirque accueillant, la prison….
La réalisatrice Florence Miailhe a plongé dans son histoire personnelle pour raconter celle de Kyona et Adriel : sa propre mère avait dû traverser la France en juin 40 avec son frère et ses arrières-grands-parents avaient fui avec leurs neuf enfants les pogroms juifs d’Odessa au tournant du vingtième siècle. Elle fait le pari réussi de l’intemporalité et de l’universalité en refusant d’ancrer son histoire dans un lieu ou dans un temps spécifiques. On pourrait être dans l’Europe de la Seconde guerre mondiale ou dans le Moyen-Orient contemporain : les épreuves que les migrants doivent endurer sont hélas toujours aussi atroces.
Cette description, aussi poignante soit-elle, n’est pas très originale. L’exode et ses avanies ont déjà fait l’objet d’un si grand nombre de livres ou de films que "La Traversée" ne peut guère nous surprendre.
En revanche, c’est la technique utilisée qui m’a laissé sans voix. "La Traversée" est un film d’animation tourné sur des plaques de verre. Je ne comprends rien à la phrase que je viens d’écrire, que je suis allé piocher dans le dossier de presse. Mais je n’ai pu qu’être fasciné par la maîtrise et la beauté de ce film : c’est une véritable féérie de couleurs qu’on voit se déployer sous nos yeux ébaubis dans un pur spectacle chromatique dont le sujet finit par s’effacer.
Un film d'animation aux contours apaisants pour un message bouleversant. S'adressant à un public averti, ce dernier peut y déceler divers niveaux de "lecture", entre récit historique, construction d'une enfance dans un environnement peu commun et relations humaines empreintes d'une indescriptible empathie. Bref, un kaléidoscope émotionnel qui vous saisit au cœur et ne vous laissera pas indifférent.
Il a fallu près de vingt ans pour concrétiser cette ambition au long cours, dont l’écriture a commencé au tournant du millénaire lors de rencontres thématiques organisées autour de l’animation contemporaine dans le Centre de Rencontre de l’abbaye de Fontevraud, à la fois parce que la “peinture animée” prend beaucoup plus de temps que le “dessin animé” et aussi parce qu’il était compliqué de trouver des financements pour développer un projet aussi atypique. La réalisatrice se base en effet sur l’histoire de sa propre famille à l’aube du 20ème siècle pour raconter la migration d’un groupe d’enfants à travers un continent fantasmagorique, la séparation, la perte, la pauvreté, l’humiliation, l’emprisonnement, parsemés de rares moments d’humanité, qui sont aussi le lot des migrants d’aujourd’hui.. Visuellement, ‘La traversée’ est aussi d’essence familiale, s’inspirant des croquis de la mère de la réalisatrice et du travail photographique de son mari, sous influence fauviste (on pense parfois à certaines peintures de Marc Chagall). Comme souvent avec ce genre de productions animées à haute valeur artistique ajoutée, le scénario demeure assez lâche, quoique les grandes lignes en seront évidentes pour tous…mais j’ai l’impression que si sa facture très particulière et tous les éléments culturels et informatifs auxquels on peut le rattacher rendent le résultat digne d’admiration pour un adulte-qui-essaye-de-se-mettre-à-la-place-des-enfants, les enfants eux-mêmes se montreront souvent plus circonspects, comme avec tout ce qui tranche trop radicalement avec leurs habitudes. Reste à espérer qu’il s’agit de quelque chose qui ne les a pas particulièrement passionnés sur le moment, mais dont les spécificités esthétiques leur laisseront des souvenirs plus durables qu’une quelconque production numérique interchangeable.
C'est un film important car il montre la possibilité du long métrage en peinture animée : le véritable défi technique est déjà remarquable ! La peinture sur plaque de verre entre en mouvement avec poésie, comme si le monde était parcouru de soubresauts : les motifs ne sont pas fixes, etc Il y a une place importante laissée à l'imprévu qui donne un autre intérêt au projet ! La façon dont l’histoire est représentée est assez enfantine, donnant des aspects de conte à un courageux exil, et adoucissant une cruelle réalité. Mais face à un ton volontairement pudique, on peut avoir du mal à s’émouvoir pleinement de leurs péripéties. Mais la pudeur fut peut-être nécessaire pour traiter le récit la tête froide...
Le film réussit cependant à développer un propos très nuancé sur la condition humaine malgré la narration très simple. Ces deux enfants font la découverte de l’altérité et de sa complexité, et l’on ne peut que les suivre avec un regard attendri.
L’image bouillonne, la peinture donne à voir des formes qui se liquéfient dans le mouvement : l’image se transforme selon les souvenirs évoqués, le monde évolue au regard du souvenir évoqué. L’identité graphique du film prend tout son sens à l’aune du récit : simple et fébrile, on s’y retrouve.
Voilà un beau film d’animation réaliste dans son propos, et qui laisse au final une porte ouverte vers l’espoir… Nécessaire et intemporel, il résonne malheureusement avec l’actualité !
"La traversée" est une fable intemporelle sur ces personnes forcées à l'exil pour une raison pour une autre. Comme le dit l'un des personnages quand Kyona est surpris de voir autant de gens différents sur la route, "tout le monde à ses raisons". Pour Kyona et son frère Adriel, la raison est simple, ils fuient leur village pour ne pas être massacrés par des gens motivés par la haine. À travers l'exil de ces enfants livrés à eux-mêmes, le récit met également l'accent sur ceux qui profitent de la misère humaine. Alors qu'ils n'ont personne pour les protéger, ces enfants sont exploités et vendus comme du vulgaire bétail à des gens malintentionnés. L'histoire est forte, mais tout l'intérêt du film réside dans sa créativité artistique. Réalisé à la peinture à l'huile sur plaque de verre, le film est de toute beauté. Il y a quelques scènes qui m'ont marqué comme celle de la traversée justement en pleine tempête ou encore l'arrivée de la grande demeure avec le contraste des "lumières" qui montre que l'environnement n'est pas accueillant. C'est une expérience à part entière qui donne un joli petit film.
Un conte animée inégal mais visuellement séduisant qui nous plonge dans l’odyssée initiatique vers un monde meilleur de deux ado exilés, arrachés par la guerre à leurs parents et pays natal.
Il en va du particulier et de l’universel dans ce scénario écrit à quatre mains par la réalisatrice Florence Miailhe et l’écrivaine Marie Desplechin. Le particulier, ce sont les souvenirs familiaux de la cinéaste, qui nourrissent une trame narrative élargie à des considérations générales et intemporelles (malheureusement) sur le phénomène de migration, ainsi qu’à des aventures où le réalisme côtoie l’imaginaire par tout un jeu de variations sur l’univers des contes. Le résultat apparaît classique dans ses thématiques principales et dans sa progression romanesque (roman d’apprentissage, récit initiatique), avec probablement un peu trop de séquences différentes, mais c’est toujours captivant et sensible. Douloureusement sensible. De cette histoire, on retiendra les malheurs mais aussi, et peut-être surtout, les couleurs et le style graphique original : de la peinture sur plaque de verre, animée, qui donne parfois l’impression de voir prendre vie des toiles de Chagall.
Cette animation pour adultes pourrait servir de plaidoyer en faveur de l'accueil d'immigrés. Nul ne quitte son lieu de vie et sa famille par plaisir mais par nécessité. L'histoire qui est racontée prend tout son sens sous le coup de crayon exceptionnel de Florence Miailhe.
super joli film d'animation, poétique et fluide. j'ai passé un excellent moment au cinéma avec mon fils de 11 ans, un film très coloré et accessible aux enfants.