Indéniablement, difficile de ne pas avoir un minimum de sympathie pour le cinéma de Gustave Kervern et Benoît Delépine, « I Feel Good » faisant au passage oublier les gros loupés de leur précédent titre, « Saint-Amour ». Il y a quelque chose d'assez touchant à les voir poser leur caméra dans un centre Emmaüs, filmer des gens simples, altruistes, totalement désintéressés, milieu dans lequel le héros, sorte de macroniste puissance 1000 s'imaginant un futur radieux sans aucune raison valable, va mettre un curieux bazar. Malheureusement, une fois que j'ai écrit cela, difficile d'enchaîner, encore plus si je souhaite en écrire du bien. Allez, quand même : il y a quelques scènes amusantes, le décalage entre le regard du frère et de la sœur sur notre société est parfois éloquent, d'autant que le duo Jean Dujardin - Yolande Moreau s'avère étonnamment complémentaire, donnant au passage une vision à la fois plutôt optimiste mais néanmoins lucide de notre époque. Et puis... ba, c'est à peu près tout. Cela peut paraître « élitiste », mais moi, cette mise en scène, j'ai beaucoup de mal. Alors je ne doute pas que les compères fassent avec les moyens du bord : limité. Caméra presque amateur, montage bancal, scénario bringuebalant sans réellement avancer ou de façon assez curieuse, pour finalement se terminer en
Roumanie lors d'un voyage
amusant mais là encore poussif. Je trouve que c'est un « cinéma » assez pauvre, voire faible, n'ayant jamais su retrouver le charme du bon « Mammuth », ayant au moins le mérite de la sincérité, de la sympathie. Si vous avez la fibre humaniste et ne supportez plus le monde tel qu'il est actuellement, ce discours gaucho on ne peut moins En Marche devrait rendre le spectacle supportable. Les autres n'auront pas de regrets, « I Feel Good » confirmant (définitivement ?) que la recette des deux compères fonctionne beaucoup moins bien.