Un film n'a pas besoin d'être un chef d'oeuvre pour en être excellent. "Licorice Pizza" ne sera donc pas un chef d'oeuvre, mais un film d'une rare pureté et sain, où le peu d'intrigue n'est absolument pas un frein à raconter des histoires, où le chassé-croisé amoureux en impasse se passe pourtant de toutes complexités, où les sentiments juvéniles ne sont pas une tare mais une expression parfois maladroite, belle et énergique. Il n'y pas de calcul dans l'histoire amoureuse des 2 jeunes adultes, juste des problèmes d'équations. Là où aujourd'hui les films doivent se justifier de toutes complexités et rebondissements inutiles et pas forcément crédibles pour passionner les foules qui n'auront peut-être rien compris, "Licorice Pizza" est l'antithèse de tout cela: il se regarde et s'apprécie à chaque scène, simplement au gré du charme ravageur de ses 2 protagonistes, à la douceur et à la limpidité de l'ensemble. Le Maître P.T.Anderson reste le réalisateur que l'on connaît, pointilleux à chaque image cadrée à la perfection, où chaque pixel n'est jamais là au hasard. La reconstitution 70's est top, référencée, et s'y dégage un brin constant de nostalgie. Le scénario est constamment fluide, voguant au gré des sentiments et à la spontanéité de 2 protagonistes principaux. Le film doit énormément à la candeur et la fougue très expressives de A.Haim et C.Hoffman, tout simplement formidables. Les caméos en or (S.Pean, B.Cooper) comme une multitude de second rôle arrachent des scènes exquises souvent drôles (les scènes du casting, de la représentation théâtrale, du restaurateur "japonais"....). Malheureusement pour ce film, son intrigue limpide sans surprises narratives, qui fait son charme indéniable, sera aussi son défaut dans l'intérêt de certains d'y passer 2h, comme aussi cette impression qu'on l'oubliera vite. Mais "Licorice Pizza" reste un film libre de toutes conventions, un bijou sucré justement dosé, une virtuosité méticuleuse et efficace de réalisation, qui impressionne par sa fluidité et sa légèreté: un film parfait qui fait du bien, une douceur surannée qui donne du plaisir sur l'instant et vous file spontanément le sourire, une rareté visuelle et cinéphile qui est très chère de nos jours.