Contes de juillet : les secrets du tournage

Contes de juillet réunit deux films nés d’un atelier d’été en juillet 2016 avec les étudiants de deuxième année du Conservatoire. Un projet qui a été proposé à Guillaume Brac par la comédienne et réalisatrice Maryline Canto, qui enseigne au Conservatoire. Pendant trois semaines, le réalisateur avait en charge la moitié de la promotion, soit seize étudiants. La seule condition de cet atelier est qu'il devait en rester une trace filmique.

Le tournage de Contes de juillet coïncidant avec Nuit Debout et le combat contre la loi Travail, Guillaume Brac souhaitait dans un premier temps réaliser un film autour de la parole politique. Mais le manque de temps et le fait qu'il ne connaissait pas les comédiens avec lesquels il allait travailler lui ont fait changer d'avis : "J’ai alors mis en place avec ces derniers un dispositif qui s’est avéré très précieux. Je suis allé chez chacun d’entre eux et je les ai interrogés sur leur parcours, leurs rêves, leur rapport à la politique, leur vie sentimentale. Ils m’ont fait confiance et m’ont répondu avec beaucoup d’honnêteté. Cela m’a permis de créer un lien plus intime avec eux et de ne pas construire des personnages au-dessus du vide".

Lors de la préparation de Contes de juillet, Guillaume Brac avait découpé son atelier en trois, dans le but de réaliser trois films. Finalement, seuls deux de ses films sont visibles, le troisième étant selon son réalisateur "pas assez abouti. Il est trop itinérant, trop éclaté. Il nous a permis de prendre nos marques, mais il n’a pas la cohérence des deux autres, et j’ai pris la décision de ne pas le montrer à l’extérieur du Conservatoire".

"L'Amie du dimanche" a été filmé dans la base de loisirs de Cergy-Pontoise, un lieu cher au réalisateur qui lui rappelle à la fois son enfance et le cinéma d'Eric Rohmer. Il y retourne d'ailleurs l'année suivante, en été 2017, pour y filmer le documentaire L'Île au trésor. Pour "Hanne et la fête nationale", Guillaume Brac s'est installé à deux cents mètres de chez lui à la Cité Universitaire à Paris, un lieu qui "m’avait toujours intrigué et me semblait le décor idéal pour des jeux de séduction entre étudiants".

Chaque film de Contes de juillet a été filmé en cinq jours avec trois techniciens, une petite caméra numérique, un pied et un micro. Guillaume Brac revient sur cette expérience : "Quelque chose de très primitif. Comme j’avais du mal à rédiger des dialogues, faute de temps et d’une familiarité suffisante avec mes comédiens, je me suis contenté d’écrire une trame narrative pour chaque film, que je leur ai proposée. On a par la suite enrichi ces canevas ensemble, cherché des idées de situations, certains comédiens ont écrit des bribes de dialogues".

Si "L'Amie du dimanche" se rapproche du cinéma d'Eric Rohmer (dont le titre est un clin d'oeil à L'Ami de mon amie), "Hanne et la fête nationale" est influencé par Hong Sang-soo : "au départ le film devait s’appeler "Hanne et les hommes" [en référence à Haewon et les hommes du cinéaste coréen]. J’aimais l’idée d’une intrigue très simple, non dépourvue de trivialité, traversée de tentatives de séduction un peu pathétiques, à la lisière du harcèlement. [...] Dans les deux films, il y a une dimension de conte moral, avec un retournement émotionnel à la fin. Ceux que l’on croyait forts se révèlent faibles, et vice versa", explique le réalisateur.