Le compère scénariste d'Adam Wingard, Simon Barrett, lui a fait une petite infidélité en allant écrire le premier film d'un homonyme, Michael Barrett (aucun lien entre les deux), "Temple".
Apparemment encore tout foufou d'avoir signé le script du dernier et médiocre "Blair Witch", Simon Barrett a décidé de prolonger l'expérience en faisant plus ou moins la même chose mais cette fois au Japon. En toile de fond, on retrouve donc un décalqu... heu... pardon... une légende autour d'un temple maudit au fin fond de la forêt japonaise avec créature métamorphe louche, enfants disparus (petits tas de cailloux mortuaires en prime) et moine lynché car accusé à tort. Au coeur de cette affaire, un trio basique de touristes américains composé d'une jolie fille, de son ami d'enfance pas insensible à son charme et de son petit copain qui est, bien entendu, ce qu'on peut appeler communément une ordure pour faciliter un triangle amoureux inintéressant au possible. Tous trois partent gaiement en direction du Japon rural pour que la belle puisse explorer des temples méconnus en vue de donner du contenu à sa thèse universitaire. Évidemment, il tombe sur le gros lot en découvrant l'existence du temple au coeur de la légende précitée. À peu près toute la population nippone qu'ils croisent a beau les prévenir que l'idée de s'y rendre est aussi brillante qu'une dégustation de liqueur de cyanure (il y a même un type qui a littéralement égaré ses yeux pour l'avoir visité) mais, peu importe, les voilà déjà en train de gambader comme des imbéciles heureux dans la forêt brumeuse synonyme d'embrouilles morbides à venir...
Le souci, c'est qu'à ce moment, on en est déjà à peu près à une heure du film (alors qu'il dure en tout et pour tout 1h15) et que "Temple" n'a pas fait grand chose pour nous passionner. Alors qu'il n'en est pourtant pas un, le film épouse, en effet, la structure narrative d'un found footage -et un très bas de gamme qui plus est- en ne proposant que du vide la majorité de son temps entre des atermoiements sentimentaux simplistes et une ou deux rares manifestations surnaturelles sans imagination. On s'ennuie ferme devant des personnages qui font absolument n'importe quoi (ils partent tous faire des courses nocturnes en solo dans une forêt aussi inconnue qu'imbibée de phénomènes louches, niveau comportement rationnel, on a connu mieux) en espérant un quart d'heure final explosif... Manqué, "Temple" se prend les pieds dans le tapis en voulant rester très obscur, pour faire faussement mystérieux, à la fois réellement en ne sachant pas comment trop relier sa mythologie succinte mise en place et en nous la dévoilant que le temps de très courtes apparitions (dommage car c'est vraiment là qu'on sent un réel potentiel), et, ensuite, métaphoriquement, en ne se montrant pas très clair (dans un premier temps) si la piste rationnelle ou surnaturelle est à privilégier. À la place, le film se plante complètement en se focalisant sur l'élément le plus prévisible qu'il soit en guise de twist final -d'ailleurs, on tient probablement là un sérieux candidat à la révélation finale la plus lamentable de ce début de vingt-et-unième siècle. On reste ainsi stupéfait par la gigantesque vacuité qu'a pu représenter "Temple" de la première à la dernière minute...
Maintenant, on va juste espérer que Simon Barrett ait enfin fini sa petit passade "blairwitchienne" (et qu'il arrête aussi de traîner avec des sales types qui ont le même nom que lui) pour retourner cotoyer son éternel compagnon de route, Adam Wingard, vers des projets qui ont fait leur succès.