C'est la structure de ce documentaire qui m'a le plus surpris: sans plus d'introduction, un thème écrit à l'écran quelques secondes, puis des femmes noires, filmées une par une en gros plan, s'expriment sur ce sujet. Puis le thème suivant, et ainsi de suite (à quelques scènes près). Ces femmes nous parlent de l'afroféminisme, bien sûr, mais aussi de thématiques communes aux noirs ou aux femmes, voire de choses sans lien direct avec le thème de ce documentaire, mais où leur point de vue est intéressant: l'homophobie, le lien qu'elles ont avec la religion, etc.: ça peut ne pas être sans lien avec leur situation de femme noire.
Le procédé permet une bonne exposition de tous ces sujets, ce qui rend l'exposé accessible aux personnes qui, comme votre serviteur, ne sont ni femmes ni noires; en particulier il n'y a pas ou peu de déballage, et fonctionne donc bien d'un point de vue pédagogique. Mais ne vous y trompez pas: elles sont pour beaucoup très remontées, comme le montrent certaines des anecdotes racontées, qui sont consternantes de sexisme, de racisme, voire les deux à la fois.
Pour autant, ce n'est pas aussi intersectionnel (c'est-à-dire, au sujet de ce qui est spécifique aux femmes noires au-delà de ce qui est spécifique aux noirs et spécifique aux femmes) que ce qu'on aurait pu penser, y compris d'ailleurs pour d'autres intersectionalités, comme entre les origines familiales et l'homosexualité. Ca manque peut-être un peu. Il aurait peut-être aussi été intéressant de confronter leurs points de vue: est-ce différent selon les endroits en France (et en Belgique, qui entre dans le cadre de ce documentaire)? Enfin, bien qu'il était intéressant de voir le rapport de certaines avec leur religion respective, il manquait le point de vue d'une athée et/ou d'une en froid avec la religion avec laquelle elle a grandi.
Cela reste à voir, quelle que soit votre genre ou votre couleur de peau, pour des points de vue qui ont peu l'occasion de s'exprimer.