Hum, un cas délicat. Même un vétéran de l'univers burtonien a du mal à juger un pareil film. Car Pee-Wee est tellement décalé, tellement tordu...Navet suprême ou truc génial ? Déjà, à mon avis, beaucoup de gens n'étant pas féru de style burtonien le rangerait au premier abord dans la première catégorie. Puis il y a ceux qui aiment le style de Burton, mais de manière superficielle, élisant ainsi des films comme Mars Attack! sur le podium. Ces derniers ont peu de chance d'estimer Pee-Wee et de se rendre compte de l'expérience qu'ils ont vécu avec ce film. Enfin, il y a les vrais fans de Burton, ceux qui clament que Batman Return est son meilleur film, et qui vont réussir leur insertion dans l'univers de Pee-Wee. Car si Pee Wee est le premier long métrage du grand maître, ce n'est absolument pas par lui qu'il faut entamer la plongée dans l'univers de Burton, ce serait même un moyen sûr d'être rebuté et de tourner le dos à jamais au grand Tim. Pee-Wee est l'histoire d'un jeune rebelle complètement à côté de la plaque qui...ça ne sert à rien d'essayer d'en peindre le portrait : c'est un personnage indescriptible, hors du temps, incarné par l'acteur au même nom qui s'y glisse aussi facilement que dans sa propre peau. Le comédien est il très bon, ou son jeu est d'un mauvais goût qui frise l'inacceptable au cinéma ? Encore une question qui brûle les lèvres pendant le visionnage du film, et à laquelle je ne donnerai pas de réponse, seulement il faut prendre en compte qu'il habite littéralement Pee Wee. Bref, le film retrace la quête initiatique de Pee-Wee, faisant intervenir bon nombre de personnages caricaturaux et drôles, et finissant par une belle déclaration d'amour au cinéma. Entre-temps, un bon gros paquet de scènes font la belle part à de nombreuses thématiques cachées qui sont parfois à mourir de rire, comme le petit déjeuner et le bain de, ou d'une bizarrerie excentrique au possible (le rêve de Simone déclaré à Pee Wee dans la bouche d'un T-rex mécanique), et aussi une petite histoire sombre qui annonce peut-être The Nightmare Before Christmas, démontrant les talents de conteur Burton, et qui fonctionna à merveille sous le roulement continu de la musique d'Elfman, laquelle sert énormément à renforcer la dimension comique et déjanté tout le long du film. On peut aussi repérer l'évocation du travestissement que l'on retrouvera plus tard dans Ed Wood. Au niveau de l'aspect technique, Pee Wee affiche une esthétique aux couleurs criardes et pétantes, présentant une photo bien maîtrisée, tandis que les effets spéciaux sont presque parfaits pour l'époque (je pense à ce dinosaure rouge et à la subite transformation du fantôme). Là ou je suis surpris, c'est sur la quantité de décors, d'accessoires et de trucages utilisés dont le coût à l'époque ne devait pas être moindre, alors que c'est le premier long métrage de Burton.
Il est temps de conclure. J'ai décidé, personnellement, ayant eu la chance du hasard pour moi (c'est à dire d'avoir croisé Pee Wee en fin de parcours burtonien, ayant vu quasiment tout ses films), de choisir l'option « truc génial » et de défendre ce film contre ceux qui le traînent dans la boue en lui placardant un écriteau « nanar » sur le front. Pour cela, il faut remonter à la définition d'un navet. C'est un film qui est loupée dans tout les sens du terme. Or Pee Wee est loin d'être mauvais au niveau des procédés techniques, et je pense qu'en fait il appartient à une autre dimension que celle des films usuels, bouleversant les conventions de « ce qu'on a l'habitude de voir » et émiettant tout ces codes enracinés dans la tête du grand public. Un navet cherche à respecter les normes et en sort par sa nullité. Pee-Wee en sort par l'autre côté, celui qui fait de lui une expérience visuelle hors du commun.