Un film mièvre, sentimental, et de surcroît terriblement banal ? Que répondre quand on a été ému, que tout vous a paru juste, bien dit, astucieusement combiné… et plaisant ?
Un jeune homme balloté entre deux identités, chinoise et japonaise, alors qu’il vient de perdre son père japonais, décide de partir à Singapour sur les traces de sa mère, décédée alors qu’il était encore enfant, et dont il vient de retrouver le journal intime. Le voici confronté au passé de sa famille maternelle, et à celui de toute une ville, Singapour, traitée avec une extrême brutalité par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour renouer le fil de sa vie, il a l’atout de son talent, hérité de ses deux parents, pour la cuisine. Ces trois aspects sont efficacement mêlés dans un écheveau de parfums, de larmes parfois, de petits et de grands bonheurs. Le film est aussi une ode à la cuisine du quotidien lorsqu'elle est impeccablement réalisée - celle qui fait un moment rare d’un repas pris dans un restaurant dont on n’attendait rien. Et j’y perçois aussi l’éloge si rarement fait de ces grands professionnels - peintres, menuisiers, commerçants parfois, ou enseignants - qui ont rendu notre vie meilleure en portant à la perfection la tâche relativement modeste qu’on attendait d’eux.
Bien sûr, c’est une histoire édifiante plus qu’un drame et, comme rien dans le scénario n’est laissé au hasard, il ne faut pas s’attendre à être surpris.
Mais est-il si invraisemblable qu’un jeune homme blessé puisse se reconstruire ?
Est-il si déplacé ou niais d’être heureux, parfois, dans sa vie ? Peut-on avouer sans risque que des livres comme La petite Fadette de la chère George Sand sont de fort bons livres sans être peut-être de très grands livres ?