Après avoir proposé une alternative agréable aux comédies françaises avec deux films Babysitting et Alibi.com, Philippe Lacheau s’attelle à un défi de taille : réaliser une adaptation live du manga City Hunter (plus connu sous le nom de Nicky Larson par chez nous), en se basant notamment sur le dessin animé et l’humour dégagé par sa version française, plus de quinze ans après l’adaptation hongkongaise mettant en scène Jackie Chan. Revêtant lui-même le costume du célèbre détective, il confie le rôle de Laura Maroni à sa compagne Élodie Fontan, et celui de Mammouth à Kamel Guenfoud pour sa première apparition au cinéma. Le scénario place Nicky Larson face à un drôle de personnage incarné par Didier Bourdon (Les Inconnus, Les trois frères, Madame Irma), qui lui demande de protéger le parfum de Cupidon, une fragrance provoquant à tous ceux qui la sentent une attirance irrésistible envers son porteur.
Mais alors que Nicky se fait asperger pour un test, la mallette qui contient le précieux et son vaccin est malencontreusement échangée avec une autre : le duo doit alors rapidement retrouver le voleur, joué par Julien Arruti, car les effets deviennent irréversibles après quarante-huit heures et Nicky commence à avoir une attirance vraiment gênante envers son client. Tarek Boudali interprète quant à lui une victime du parfum qui suit Laura absolument partout, et vient plus d’une fois en aide au duo malgré tout. La séquence d’introduction annonce la couleur avec une bonne vieille baston entre Nicky et Mammouth en plein hôpital, un homme nu alité étant placé stratégiquement au centre avec un pistolet près de son entrejambe. Les scènes d’action sont dynamisées par des plans efficaces et des bruitages claquants, tandis que l’humour se veut d’emblée très cru avec assez peu de finesse (si Nicky s’est emparé du pistolet, qu’as donc pu attraper Mammouth !?) comme bien souvent dans les comédies françaises.
Si on se prête à rire plus d’une fois avec les running-gags qui s’enchaînent, Nicky a un peu trop tendance à regarder la moindre fille au loin en petite tenue, en pleine séance de sport ou avec les seins qui rebondissent. Ce caractère du personnage était indispensable, mais ces plans un peu trop suggestifs et pas toujours très fins se multiplient très rapidement et ont tendance à vulgariser l’humour de l’œuvre. Heureusement, ce genre de séquence s’estompe sur la seconde moitié du film pour laisser place à davantage d’action (avec une très bonne utilisation de l’effet de ralenti) et de dramatique. Le désir de bien faire habité par Philippe Lacheau se ressent de bout en bout, à commencer par la grande ressemblance des trois personnages principaux, le réalisateur étant même allé jusqu’à faire de la musculation pour endosser la carrure de Nicky. La fidélité à l’œuvre d’origine ne fait nulle doute avec le flash-back montrant
le meurtre de son ancien coéquipier
Tony Marconi, ou encore la présence du lieutenant Hélène Lamberti.
De nombreuses personnalités françaises font également une apparition lors de courtes scènes. On trouve l’ancien kickboxeur Jérôme Le Banner comme homme de main du méchant, Gérard Jugnot en psychologue qui fait passer des tests à Nicky alors que lui-même semble s’adonner à de drôles de pratiques, Audrey Lamy en mère irresponsable, Dorothée comme hôtesse dans un aéroport et même Vincent Ropion, le doubleur français de Nicky Larson. Pamela Anderson a quant à elle un rôle d’une certaine importance dans la seconde moitié du film, avec un humour toujours aussi salace. En plus de cela, de nombreux clins d’œil à l’œuvre d’origine et son époque sont présents. Pêle-mêle le tableau d’un chevalier sur un zodiac, Laura qui explose Nicky avec un maillet géant sous un fond uni, le méchant qui demande au duo de lâcher ses armes pour qu’il n’y ait « pas de bobo », une balle qui laisse une cicatrice sur la joue de Nicky en frôlant son visage, ou encore la mention des restaurants végétariens (qui remplacent les love hôtels dans la version occidentale de l’animé).
Lors d’une séquence d’action, Nicky s’empare d’une arme à feu attachée au porte-jarretelles de Laura en balayant sa robe, et quitte une bande de malfrats après les avoir mis KO en leur disant « salut les musclés », en référence au sitcom mettant en scène les membres du groupe de musique. Jean-Paul Césari, chanteur du générique français de l’époque, est même présent lorsque les héros arrivent dans un club et murmure les paroles d’une manière plus posée, laissant place à une superbe ambiance nostalgique. La superbe musique « Footsteps » est directement reprise lors d’une séquence d’action pendant laquelle Nicky se défait de ses ravisseurs, les mains liées et attaché dans les airs, qui a la particularité d’être filmée en vue subjective. Le plaisir de retrouver les codes de l’animé se poursuit jusqu’à la présence de la petite mélodie « Get wild » tout à la fin, tandis que Laura poursuit une nouvelle fois Nicky avec l’image qui se fige et s’éloigne peu à peu. Si l’on peut pester contre le trop-plein d’humour gras et regretter l’absence d’autres clins d’œil de la VF du dessin animé (les boulettes pour les balles, les voix ridicules des méchants, les vieux prénoms type Robert, Roger, Raoul et André, il en perd sa moumoute le Mammouth), Philippe Lacheau réussit son pari pour la première adaptation française d’un manga en film live.