Vous aimez le kitsch, la musique et le loufoque ? Alors Little Shop of Horrors est fait pour vous ! Attention, on ne parle pas ici d'un nouveau film d'horreur, mais d'une comédie musicale « cultissime » (à la hauteur d'un Rocky Horror Picture Show!) et pourtant bien trop méconnue encore aujourd'hui ! Mais reprenons, si vous le voulez bien, l'histoire de ce film depuis le début.
Little shop of horrors est une affaire d'adaptation puisque c'est en 1960 que le grand Roger Corman (certes meilleur producteur que réalisateur), sort ce film tourné en deux jours, avec pour jeune et talentueux acteur, Jack Nicholson, encore inconnu à l'époque. Plus de 20 ans après, Broadway s'empare de l'histoire et produit une comédie musicale du même nom. Enfin, c'est au tour de Frank Oz, le vrai, l'unique maître Yoda en personne, qui décide , en 1986, d'en faire ce film musical comique et horrifique, dont nous parlons aujourd'hui.
Le jeune Seymour, orphelin, pauvre et pas très beau garçon, a trouvé le gîte et le couvert chez un fleuriste tyrannique qui le traite comme un esclave. Fou amoureux de sa jeune collègue, Audrey, il fait, en plus, preuve d'une maladresse déconcertante. La roue tourne pour lui le jour, où dans Chinatown, il trouve une plante étrange (type gobe-mouche) qui s'avère être une véritable poule aux œufs d'or dont le nid est truffé d'ennuis ! Quand on entend une telle histoire, on se demande à quel moment il semble opportun de pousser la chansonnette. Mais pour une fois, la métaphore de « la plante verte » perd tout le sens péjoratif et statique que nous lui donnons. Inutile de vous dire que l'on n'a jamais aussi bien bougé et chanté qu'Audrey 2 (car oui il a un nom) dans le monde végétal. Et que les herbivores retiennent leur souffle, Audrey 2 est plus hématophage qu'un vampire nouveau-né !
Vous l'aurez compris, Little Shop of Horrors joue sur un soundtrack en béton, composé par Miles Goodman mais surtout Alan Menken, figure emblématique de la comédie musicale. Ce nom vous inspire certainement puisqu'il n'est autre que le compositeur attitré des films d'animation Disney de 1989 (avec la Petite Sirène) à 2010 (avec Raiponce). Et dès les premières notes, nous reconnaissons la patte légère et acidulée de l'auteur qui mélange savamment une musique épique, de la narration Gospel et des morceaux voyageant du « Rythm and Blues » et airs « jazzy » au pur rock'n'roll des années 1950's dans une modernité universelle.
Enfin, et ce n'est pas peu dire, le film est porté par un casting exceptionnel, où chaque personnage est plus farfelu qu'un autre. Rick Moranis, avant de « rétrécir ses gosses », a montré son excellente capacité au chant d'un jeune paumé des bas-fonds de New-York. Ken Page, avec son impressionnante voix de basse et son jeu de plante psychopathe, a sûrement donné l'envie à Tim Burton de réitérer cette figure du «swinging boogeyman », dans L'étrange Noël de Monsieur Jack. Et pour finir, Steve Martin, en dentiste sadique, nous offre un show, digne des plus grands concerts du King et des coups de pelvis à faire hurler les foules ! Toutes ces recettes font de Little Shop of Horrors, une œuvre d'un mauvais goût contrôlé, où l'humour dégouline sans aucune subtilité dans un parfait bordel où chaque chose est à sa place.