Probablement vu trop jeune, je gardais un souvenir légèrement mitigé de « Memento », que la ressortie au cinéma m'a donc permis de découvrir sous un autre œil. D'ailleurs, j'avoue que pendant un bon moment j'étais scotché : non seulement cette histoire aurait déjà été pas mal racontée de façon « classique », mais là, en
inversant le montage pour nous faire remonter au fur et à mesure à l'origine des événements
, je trouve ça, bien sûr, très original et audacieux, mais surtout brillant, d'autant que parfaitement adapté à l'incroyable amnésie dont souffre le héros. Les idées remarquables se multiplient :
tatouages sur le corps du héros pour se remémorer, manipulations multiples que l'on devine, intrigue principale se superposant à une autre prenant une importance de plus en plus grande, personnages ambigus à souhait, « origines » du héros pour mieux comprendre cette incroyable maladie (n'existant probablement pas, d'ailleurs!)
... Christopher Nolan déploie déjà une maîtrise étonnante, notamment à travers un montage volontairement déroutant et au rythme soutenu. J'avoue être un peu plus dubitatif sur la partie en noir et blanc, même si c'est très probablement volontaire : avoir du mal à la situer dans la chronologie, se demander si, elle aussi, est à rebours d'un point de vue narratif (bien que peu probable au vu de son déroulement). Surtout, et pour le coup je doute que ce soit délibéré : j'ai fini par m'égarer. Alors si, le but est quand même de nous mettre en partie à la place du héros et sa perte totale de repère, mais aux alentours du dernier tiers, je ne savais vraiment plus où j'en étais, quel était réellement le rôle des uns et des autres... Fatigue ? Possible. Reste que j'en suis sorti un peu frustré devant un tel brio ne bouclant pas exactement le film tel que je l'aurais souhaité. Maintenant, c'est peut-être aussi un avantage : le DVD est juste à côté, je pourrais repasser tout ça tranquillement, même avec le montage « inversé » si je le souhaite, et nul doute que je le ferais. Car si « Memento » a bien une force, c'est de ne pas laisser indifférent, résonnant un bon moment après la fin du générique pour donner indéniablement envie de le revoir au plus vite.