La ressortie en salle de " mémento" permet de voir ou de revoir en condition idéale, un des premiers opus de Christopher Nolan, qui participa à sa future réputation.
Succès public à sa sortie, ce thriller qui repose sur un scénario embrouillé du début jusqu'à presque la fin, ne m'a pas convaincu, même s'il se laisse voir. Une seconde vision lui est même sans doute profitable.
Si l'on essaye de remettre le film dans son ordre chronologique, il se révèle très simple. Un agent d'assurance est agressé à son domicile par peut-être ( c'est la police qui échafaude cette hypothèse), deux junkies qui tuent son épouse diabétique.
Un policier qui a identifié un des deux agresseurs ( un trafiquant de drogue, dont la petite amie tient un bar) cherche avec la participation de la victime, à vérifier s'il n'y a pas un second coupable et à aider l'assureur dans sa guérison ( ce dernier a perdu la mémoire suite à un coup reçu lors de l'agression)
C'est le point de vue de l'agent d'assurance amnésique que suivra le spectateur, lancé malgré lui dans une suite d'événements qu'il ne parvient pas à analyser.
On peut apercevoir dans " mémento", une réflexion du cinéaste sur l'importance de la mémoire ( pour un individu mais aussi pour une société) qui, lorsqu'il en est dépourvu, rend toute confiance, donc tout rapport constructif, avec les autres impossible.
Tirant vaguement du côté des films de Lynch, dans l'impression qu'il suscite chez le spectateur, Nolan réalise un opus manipulateur qui peut séduire un moment, mais dont la redondance et le caractère systématique peuvent ( ce fût mon cas) finir par lasser.
La réussite majeure de cette réalisation porte sur le casting féminin qui contrebalance un casting masculin totalement dépourvu de charisme.
Filmé presque exclusivement en gros plan dans un univers clos, peu varié, étouffant, on est loin d'être époustouflé par la qualité de la mise en scène
Il faut attendre une heure avant de commencer à sortir de cette esbrouffe qui me fait penser à ce proverbe chinois " il trouble l'eau pour faire croire à sa profondeur".
Je n'ai en tout cas, pas marché à ce bonneteau qui par moment finit ( surtout dans sa première moitié) par lasser.
Nolan montrera, selon moi, les premières facettes de sa maîtrise artistique dans son opus suivant, " Insomnia" lui, par contre, très réussi et même sans doute un des opus que je préfère de sa filmographie.