"Memento", ce n'est pas un simple film, c'est un chef d'oeuvre. Le 7ème art n'est pas juste un art, c'est une passion, et elle se transmet.
Christopher Nolan, avec son troisième film, arrive à transmettre toute sa passion, tout son ressenti sur le cinéma. Après un court métrage ("Doodlebug"), un film en noir et blanc ("Following, le suiveur") qui a permis à Nolan de se faire reconnaître par la presse, mais le public ne le connaissait pas encore, d'où la nécessité de lui confier un scénario banal, transformé en une réalisation exemplaire par Christopher Nolan ("Insomnia"). Avec ce nouveau film, il fait aussi connaître son frère Jonathan, qui écrit pour l'occasion un court roman servant de script.
"Memento" raconte l'histoire de Léonard Shelby, poussé par un formidable besoin de vengeance contre l'homme qui a violé et tué sa femme, qui recherche l'assassin de sa femme. Mais comment élucider une enquête quand un accident lui a privé d'une mémoire instantanée, où il oublie tout ce qu'il a fait depuis l'incident. Comment peut-on être sûr de sa propre identité ? Comment peut-on faire confiance ?
La vraie prouesse réalisée n'est pas le film en lui-même, qui présente une enquête policière, particulière mais pas assez. La vraie prouesse qui montre que Nolan est un génie et que personne ne l'égalera, c'est de monter les scènes à l'envers de la chronologie. On commence donc par la fin, et on finit par le début... Cela nous permet d'être comme dans la peau de Lenny, qui ne sait jamais ce qu'il a fait avant. Les scènes en couleurs sont le présent tandis que Nolan film des scènes en noir et blanc, pour préciser que c'est le passé. Mais le passé rencontrera le présent. Et lorsque vous aurez compris l'enquête qu'est "Memento", vous aurez envie de regarder de plus près...
Le film nécessite sûrement deux visionnages pour bien faire attention à tous les détails qui nous auraient permis de découvrir la vérité avant de la savoir. Sauf que pour reconnaître les détails, il faut savoir la fin. Nolan pose ainsi son double jeu à son public, déboussolé par les séquences dans le désordre et de ne pas pouvoir comprendre ce qui se passe.
La bande originale du film est là encore une preuve que "Memento" est une oeuvre d'art. En effet, celle-ci n'est pas utilisée juste pour l'utiliser mais elle est utilisée à des moments précis, accentuant l'angoisse, la surprise. David Julian, qui avait composé la bande originale du court métrage "Doodlebug" livre donc une prestation éoustouflante, une bande originale qui dépasse ce qu'on n'aurait pu entendre.
"Memento" a aussi un sens de l'humour. La perte de la mémoire instantanée déclenche des fous rires au public.
Les acteurs sont très bien choisis. Guy Pearce montre encore une fois qu'il sait jouer. Son personnage est très dur à jouer car rendre l'amnésie à nos yeux est aussi dur que faire croire qu'on meurt. Il impressionne à chaque séquence, et enfin le protagoniste a une raison d'être, a un caractère particulier. On voit qu'il vit vraiment. Carrie-Anne Moss, plus belle que dans "Matrix", nous livre une prestation ahurissante, un double jeu formidable qui nous cloue sur notre chaise tandis que Joe Pantoliano est encore plus angoissant que dans "Matrix", c'est vraiment un très bon acteur. Les voix françaises par contre ne sont pas réussis. La voix de Mosse est trop aiguë.
Au final, "Memento" n'est pas un simple film, c'est un chef d'oeuvre absolu. Une preuve à tous que le cinéma peut être intéressant, contrairement aux blockbusters idiots sortis des écuries de Michael Bay et de Marvel Studios.
Quelques citations marquantes :
"Remember Sammy Jankins"
"Don't believe his lies"