Clément Cogitore est un jeune documentariste, photographe, reconnu et récompensé par une multitude de prix…Braguino est à la fois un documentaire et une exposition présentée au BAL, 8 impasse de la Défense 75018. A l’origine Cogitore voulait travailler sur l’enfance et le monde sauvage…Il commençait à s’intéresser au survivalisme américain quand une de ses amies russe lui parle de Sacha Braguine, membre des vieux croyants orthodoxes, qui se sont enfoncés dans la forêt sibérienne pour échapper à l’autorité de l’église et de l’état. Rejoindre la famille Braguine fut une expédition homérique, bateau sur le fleuve Ienisseï, traversée de la taïga, final en hélicoptère…Clément Cogitore a déclaré que le seul voyage de 700 km en hélicoptère lui coûtait 24 000 euros…pourquoi alors ne ramener qu’un petit film de 50 minutes ? J’avoue que le format particulier de ce film m’a beaucoup gêné. J’aurais aimé comprendre ce que recherchaient les vieux croyants. Sacha s’est installé dans ce coin perdu il y a une trentaine d’année avec l’espoir de vivre en paix, dans l’autarcie le plus complète en essayant de construire un modèle de vie autosuffisant…on ne voit pas vraiment le lien avec l’orthodoxie…comment dans ces régions inhabitées, une autre famille les Kiline est-elle venue s’installer juste à coté, transformant ce paradis en scène de conflit ouvert nécessitant jusqu’à la construction d’une barrière entre les deux maisons. Nous sommes au bout du monde, aucun chemin ne même à la civilisation, mais deux familles se haïssent…Seule zone de paix, l’ile qui sert de piste d’atterrissage à l’hélicoptère et d’aire de jeu aux enfants blonds, à l’abri des bêtes sauvages, Braguine et Kiline y viennent, s’observent sans partager leurs jeux…Cette présence nourrit chez les Braguine une paranoïa grandissante envers leurs voisins. On ne sait pas si ces Braguine se fantasment un ennemi réel ou s’ils ont juste perdu le dialogue et le sens du réel. De ces voisins nous n’apprendrons rien, sinon qu’ils passent pour prédateurs, liés à des chasseurs oligarques qui viennent chasser le gros gibier en hélicoptère et à l’arme automatique…on pense alors au film de Safy Nebbou Dans les Forêts de Sibérie adapté du roman de Sylvain Tesson… Restent de magnifiques paysages de la forêt sibérienne, une chasse à l’ours, boucherie épouvantable pour nous, mais gestes quotidiens pour eux…on retrouvera les pattes comme bottes d’une des fillettes…mais la beauté de l’image ne fait pas tout, j’aurais aimé plus d’approfondissement.