Sean Connery incarne pour la cinquième fois consécutive l’agent 007, assailli alors par des hordes de fans rendant le tournage difficile et en pleine négociation de son contrat avec le célèbre tandem de producteurs, pères de la franchise. On ne vit que deux fois, dans une continuité toute naturelle, poursuit d’instaurer le légende, omettant ici de tenter de nouvelles approches. Oui, si le film est un nouvel exemple de technicité et d’inventivité, il démontre aussi un certain essoufflement. Non pas que le script ne soit pas satisfaisant, non, simplement moins limpide, plus brumeux, moins attrayant, captivant. L’on sent par ailleurs qu’ici, tout n’est que prétexte, des prétextes parachutés servant à une visite touristique du pays du soleil levant, le japon, à l’utilisation des gadgets, en grands nombres, à confronter James Bond à ses égaux japonais.
Après Terence Young et Guy Hamilton, ayant tous deux fait un travail monumental au poste de réalisateur, la balle atterrit chez un certain Lewis Gilbert, qui devra dès lors composé avec un mode de fonctionnement déjà établi et ayant fait ses preuves. Le cinéaste, tout en respectant sa partition, démontre tout de même ici un manque de subtilité. On ne vit que deux fois fait dès lors place nette à l’action, aux boutades, délaissant quelque peu les dialogues, la clairvoyance scénaristique des opus précédents. Oui, partant de là, On ne vit que deux fois ne pouvait atteindre le niveau de ses prédécesseurs.
Le film est aussi une foire aux faux raccords. Si cela était pardonnable, voire amusant, sur Dr No, ici, la pilule semble dure à avaler. L’on note aussi une énorme quantité d’arrières plans vaseux, de superposions d’images aléatoires, lesquels sont directement imputables à la caméra de Lewis Gilbert, malheureusement. D’autant, le réalisateur peut compter sur un ensemble de techniciens, cascadeurs et autre aventuriers du cinéma, tous ambitieux et professionnels, pour nous servir quelques scènes d’anthologie, je pense à la bataille aérienne avec la petite Nelly ou encore l’affrontement entre Bond et un homme d’Osato, dans le bureau de ce dernier.
Par-dessus tout, et ce même si You Only Live Twice est loin d’être le meilleur volet de la série, l’on notera que le travail effectué ici par le décorateur Ken Adam, est réellement saisissant. Ce dernier aura bâti, aux studios Pinewood, le décor le plus onéreux jusqu’alors, en un temps record, sans parler des nombreux autres intérieurs signés ce grand bonhomme. Hommage aussi à John Barry pour avoir composé là une nouvelle bande-son d’anthologie. Un film culte, ça va sans dire, mais qui n’est pas le meilleur dans son genre, trop aléatoire, trop axé sur la mythologie du personnage et négligeant l’amenée de nouvelles intrigues, de nouvelles finesses. Après ce fameux détour au Japon, James Bond s’orientera bientôt vers le jeux olympiques d’hiver sous les traits de Georges Lazenby. 10/20