Il est de tradition qu’à Cannes, au mois de mai, il y ait, parmi les diverses sélections, au moins un film qui fasse quasiment l’unanimité (positive !) parmi les spectateurs, au point que quiconque s’essayant à émettre sur un de ces films un jugement défavorable soit vite regardé comme une bête curieuse. Cette année, le « film buzz » était islandais, avait pour titre "Woman at war" et pour réalisateur Benedikt Erlingsson. A 49 ans, ce dernier est tout à la fois auteur, acteur, metteur en scène de théâtre, scénariste et réalisateur. "Woman at war" est son 2ème long métrage et, présenté à la Semaine de la Critique cannoise, il s’est vu décerner le Prix SACD.
Le thème que traite "Woman at war" est particulièrement grave : la confrontation entre l’industrialisation d’un pays et les droits de la nature. La recherche du toujours plus en matière de biens matériels et d’emplois doit-il obligatoirement l’emporter systématiquement sur la défense de l’environnement ? Ce sujet grave, Benedikt Erlingsson a choisi de le traiter de façon sérieuse mais en injectant en permanence, de façon toujours intelligente, ce qu’il faut d’humour, de décalé, de cocasse pour éviter de tomber dans le pensum politiquement correct.
Traiter un sujet sérieux de façon humoristique est très habile. Seulement quand c’est réussi, toutefois ! C’est le cas pour "Woman at war", un film dont on peut penser et espérer qu’il bénéficiera du même bouche-à-oreille très positif dont il était l’objet à Cannes, en mai dernier : ce n’est pas tous les jours qu’on peut, à la fois, se divertir, s’instruire, se révolter et nourrir ses yeux et son esprit de magnifiques images.