Vous avez envie de voir quelque chose qui ne ressemble à rien?? Woman at war est fait pour vous....
Le cinéma islandais, ça ne nous dit pas grand chose, même si Béliers a été un des meilleurs films des dix dernières années et déjà, puissamment original, mettant en jeu des personnages qu'on n'a jamais vus sur l'écran... Woman at war est encore plus bizarre, tout au plus pourrait on y trouver un lointain cousinage avec certains films d'Emir Kusturitsa.
Aussi insolites que les deux frères ennemis de Béliers, voilà les deux jumelles de Woman at War. D'Asa, douce prof de yoga qui s'apprête à s'enterrer pour deux ans dans un ashram de l'inde ou du Népal, on ne comprendra l'intérêt qu'à la toute fin du film, car l'héroïne c'est Halla (Halldora Geirhardsdottir, qui évidemment interprète aussi Asa), une écolo frappadingue qui déclare, toute seule dans son coin, la guerre aux multinationales qui prétendent prendre pied dans son beau pays, et décide donc de détruire les lignes à très haute tension. Ben voyons.... La première séquence nous la montre envoyant un câble métallique avec une arbalète, puis tirant sur le cable munie de simple gants de caoutchouc, ce que l'on déconseille formellement aux amateurs terroristes, sous peine de finir en barbecue. A part cela, elle est prof de chant et dirige une chorale....
La voilà devenue l'ennemi public numéro un, fuyant à travers landes et lapiaz, se dissimulant dans la crevasse entre deux névés, poursuivie par drones et hélicoptères.... Protégée par un géant barbu (Johann Sigurôarson), éleveur de moutons (toujours les moutons....), présumé cousin éloigné de la main gauche, qui doit être un peu amoureux d'elle (car elle reste séduisante). Mais voilà un dilemme dans l'existence militante d'Halla: cette adoption demandée sans succès depuis plusieurs années lui est enfin accordée! une petite fille de quatre ans l'attend en Ukraine. Faut il donc renoncer? Mais à quoi? A la résistance ou à la maternité?
La force du film de Benedikt Erlingsson -mais c'est peut être aussi sa faiblesse- c'est qu'on ne sait pas où il va. Il est constamment gentiment drôle; il est aussi onirique avec l'apparition à chaque séquence de trois chanteuses folkloriques ukrainiennes, ou d'un petit orphéon avec un sousbassophone dont la taille est bien adaptée, je trouve, à la corpulence islandaise..... et dont l'accordéoniste peut aussi se transformer en pianiste. Mais a t-il un sens? Halla est elle admirable, ou ridicule? Elle a un peu des deux, sans doute....
Un démenti de plus pour ceux qui disent qu'il n'y a pas de beaux rôles au cinéma pour les femmes ayant dépassé la quarantaine. Il y en a, et de sacrément beaux, si elles savent se servir d'autre chose que de leur physique...