Un voyage en Arménie très original, où se mêlent les langues & la réalité d'un pays que l'on connaît si mal. On rit, on sourit, on se laisse porter par le drame qui se joue, comme on suit un conte qui interroge le sens de la vie, mais ne se prend pas pour autant au sérieux. Bravo virtuose est un film très fin : l'histoire est bien menée, amusante, parfois émouvante, haletante. Mais le charme jaillit aussi de chaque image, dont certaines sont pensées comme des tableaux (vision parodique de la Cène qui rassemble les mafieux & le candide héros de l'aventure, par ex. ; ou encore une très belle scène d'amour - que Télérama critique, alors que c'est un petit bijoux onirique ) ou des mises en abîme très futées. On en ressort avec le sentiment d'être intelligent (ce qui ne fait pas de mal), mais aussi d'avoir fait une belle découverte: c'est un film auquel on repensera souvent, tant son regard sur le combat entre le bien et le mal, le beau et le laid, le son mélodieux de la clarinette qui rassemble les humains ouverts aux autres et le présent braillard du téléphone portable par qui la violence arrive, est universel (vraiment).
Au final, un beau film, qui révèle un vrai metteur en scène (avec son univers, ses clins d'œil, ses ambitions artistiques, humanistes et politiques), une très belle actrice et un acteur absolument remarquable (charme, retenue, candeur et puissance : une sorte de Michel Berger au cinéma, formidable !)
Un film pour les curieux (public arts et essais), pour les amoureux de l'Arménie (ou, comme moi, pour ceux qui souhaitent la découvrir) pour les cinéphiles et pour les mélomanes (une belle réflexion sur ce que la musique produit, et incarne): bien plus largement, un film pour ceux qui veulent découvrir avant les autres un metteur en scène qui donnera sans aucun doute de merveilleux films dans les années qui viennent. A découvrir !