Il est blond, très mignon, un peu joufflu comme ceux qui aiment la bonne chair. Régulièrement, un homme marié, qui vit avec sa famille à Israël, fréquente sa pâtisserie berlinoise, et de fil en aiguille, les deux hommes tombent amoureux l’un de l’autre. Ils partagent alors une vie secrète d’amants, intermittente, à des milliers de kilomètres, ne se voyant que très peu. Mais cet amour-là dure, jusqu’au jour où le drame survient et que l’homme d’affaire meurt d’accident. Alors, le jeune pâtissier entreprend son propre voyage vers Israël, à la recherche de la vie conjugale et familiale de son amant décédé.
« The Cakemaker » sort des sentiers battus de la plupart des films qui traitent de l’homosexualité masculine. Il ne s’agit en aucun cas d’un plaidoyer vulgaire et aguicheur sur les mille et une positions sexuelles entre hommes consentants, comme souvent dans le cinéma gay. En réalité, le film raconte une histoire d’amour, simple, généreuse, empreinte des incompréhensions culturelles qui opposent l’Allemagne catholique et l’Etat Juif. C’est donc d’abord un film sur le dialogue interculturel qui doit permettre de réduire les conflits. Le sujet avait déjà été traité s’agissant d’un amour inverti entre un homme israélien et un homme palestinien, sous couvert de guerres. Ici, il s’agit d’un amour où les ennemis ne sont pas politiques mais culturels. Le dialogue entre les générations, entre les pratiques religieuses, entre les visions du monde, passe par un savant récit sur la fabrique de gâteaux.
Car « The Cakemaker » parle de cuisine. On salive avec notre héros les pâtisseries sublimes qu’il confectionne. Le film devient alors une sorte de documentaire sur les identités de métier et les façons dont le savoir-faire ne suffit pas pour transformer la cuisine en un véritable art de vivre. Le film adopte un ton résolument pacifiste, délicat, qui offre soudain pour les spectateurs, la possibilité d’un monde où les contraires se parlent.