Le jeu du pouvoir est un privilège que certains verraient comme empoisonné. Tout de suite après « Tully », Jason Reitman couvre un scandale politique qui aura bouleversé bien des choses. La démocratie médiatique est quelque chose qui tient à cœur la presse, cherchant la transparence à tout prix. Pourquoi ? Parce qu’ils le peuvent et que l’image du métier de journaliste a changé. Depuis les affaires de politiciens comme les relations privées de Kennedy, en passant par le scandale du Watergate chez Nixon, les médias ont fini par faire pression sur ces puissantes figures américaines. Ce film démontre alors en quoi les ambitions d’un individu peuvent détruire son entourage et peuvent également changer le visage de sa carrière, de manière radicale.
La barrière entre la politique et la vie privée n’était pas un sujet tabou, avant qu’un cliché de Gary Hart (Hugh Jackman) le condamne sur plusieurs aspects. Il aura beau être le candidat favori aux présidentielles de 1987, sa vision d’unifier les États-Unis à son image est compromise par un scandale qui lui colle à la peau. Les liaisons dangereuses ne sont plus nouvelles au cinéma, mais cet épisode dramatique fut un tournant, car la presse actuelle s’identifie dans la quête du potin absolu, un Graal médiatique. On retrouve ce même genre de rupture dans les précédentes œuvres de Reitman et ici, il est bien évident qu’il questionne le rôle et le sens du journalisme. De ce fait, Hart perd le contrôle et sa lucidité ne peut y remédier. Braqué par les flashes et les interviews à tout-va, il se détache rapidement de son image salvatrice. Le choix de l’acteur n’est donc pas un hasard. Utiliser un sex symbol permet d’éviter les nuances, afin que l’on puisse mieux aborder l’incompréhension derrière sa chute.
Le public compare à tort son relâchement ou sa négligence comme une trahison, avant même qu’il ne soit élu. Une trahison pour son pays ? C’est bien là toute l’ambiguïté qui l’a poussé vers la sortie, car cela montre qu’une personne de son statut ne peut avoir qu’un seul visage, celui du politicien, point barre. Exit l’humain, alors que cela constituait une grande part des valeurs de Hart. La générosité est donc prise à contrepied dans cette bataille de scoop et les démarches visant à préserver ou à éradiquer le merchandising de l’information. Malheureusement, le rythme n’est pas toujours maîtrisé et on s’éternise un peu trop sur les discours en interne, côté Hart. Cela a certainement pour but de lui rendre justice et de redorer l’image qui s’est brisée, mais on perd souvent le fil avec la réflexion que l’on s’est donnée.
Passé comme une anecdote, ce scandale refait surface à point nommé. « The Front Runner » revisite une période sombre d’une campagne présidentielle, qui fait regretter le dérapage des démocrates. De plus, Hart symbolisait l’union parfaite entre presse et politique. Sa bienveillance pourrait en irriter plus d’un, dont le dernier assis au sommet de la pyramide. Le film se veut moral et pose les faits, avec ce qu’il faut de mise en scène pour en comprendre les grandes lignes. On parle des débordements du journalisme, en le laissant au second plan afin que toute la dramaturgie s’imprègne de Jackman et de son personnage en confusion, puis en perdition.