Aaah l'amour ! Pour fêter leur première anniversaire de mariage, la jolie Jackie emmène sa femme Jules en week-end dans son chalet familial au bord d'un lac. Mais comme ce cadre canadien très isolé ne correspond bien sûr pas à celui d'une comédie romantique, leur petit périple sentimental va vite tourner au cauchemar...
Après une exposition nous questionnant sur la nature du mal s'apprêtant à s'abattre sur le couple, "What Keeps You Alive" nous livre sa plus grosse surprise sur ce qui va définir les forces en présence du survival à suivre. À vrai dire, en termes de rebondissements, le film ne fera jamais mieux, ce qui en découlera ne se résumera hélas qu'à un jeu du chat et de la souris où le prédateur semblera tout faire pour se mettre en danger en s'amusant bien trop longtemps avec sa proie pendant que cette dernière ne saisira jamais un nombre incalculable d'opportunités mises sur sa route pour échapper à son chasseur (même si on essaie vaguement de la justifier psychologiquement, une de ses dernières décisions propulsera l'irrationalité du personnage en orbite !). Attention, "What Keeps You Alive" aura tout de même son lot de jolis moments pourvoyeurs d'une tension efficace à proposer mais, à part jouer sur le chaos d'émotions primaires découlant de sa principale révélation et notre fascination autour de la personnalité particulièrement noire de son prédateur, cet affrontement ne fera qu'inutilement se prolonger jusqu'à nous détacher de ses personnages si invraisemblablement inaptes à aller au plus simple dans leurs agissements.
Heureusement, si le film piétine souvent sur le fond, son réalisateur va tout faire pour dynamiter ce problème sur la forme ! À contre-courant de la platitude visuelle de pas mal de productions mainstream du genre, "What Keeps You Alive" a pour lui l'audace de sa mise en scène, la caméra de Colin Minihan tente sans arrêt des choses afin de donner de l'ampleur à son récit et, souvent, pour transcender par des fulgurances les faiblesses de ce dernier. La plupart du temps, ça fonctionne d'ailleurs plutôt bien, des plans-séquences bien élaborés accrochent notre regard (le dîner !), on se surprend même à suivre la continuité d'un combat à un étage différent d'où il a lieu, et certains choix de photographie ou de jeux de lumière donnent des plans de toute beauté. Cependant, à force de ne pas ménager ses efforts sur le visuel, Colin Minihan n'évite pas l'écueil du "trop" et les mauvais choix que cela induit comme des flashbacks en noir et blanc très cheap ou carrément une caméra embarquée sur une rame (?).
Cette dualité qualitative façonnant les meilleurs comme les pires moments de "What Keeps Your Alive" se fera aussi ressentir dans le jeu de ses deux actrices principales : si l'on retiendra l'excellente interprétation d'Hanna Emily Anderson bien aidée par un rôle passionnant, ce sera moins le cas de sa collègue Brittany Allen, prise au piège des contours forcément plus limités et attendus de son personnage sans pour autant démériter.
En définitive, les atouts de "What Keeps Your Alive" rendent son visionnage très agréable mais ses défauts ne le rendent pas indispensable pour autant. Des hauts qui appellent toujours des bas... comme un mariage qui se mettrait à battre méchamment de l'aile en somme.