Prenez Yann Arthus Bertrand, versez une bonne dose de Werner Herzog (cf le tigre, etc...) et vous obtenez ce chef d'oeuvre signé Ai Weiwei, chef d'oeuvre au même titre que "Nuit et Brouillard" de Alain Resnais. Notre monde a changé. L'humanité n'a pas su se développer harmonieusement. Combien de temps mettrons-nous à comprendre cette nouvelle donne. Nos personnels politiques s'accrochent à des recettes d'un autre temps. Même le chef de guerre Walid Jumbatt reconnaissant son extrême violence passée, se dit dépassé par ce qui arrive. Ils étaient une dizaine de factions à se combattre tranquillement au Liban, quand une vague de deux millions de personnes est arrivée, sans compter les millions qui n'ont fait que passer... Car la démonstration du film est patente : il n'y a plus de frontière. Il n'y a que des murs dressés très vite pour cloisonner les réfugiés des guerres qu'on a provoqué, du réchauffement climatique qu'on a provoqué, etc... Mais la planète étant en feu, les murs n'arrêteront rien. Il ne fallait pas détruire autant de pays. Maintenant, c'est trop tard. Il ne reste plus qu'à constater que les frontières n'ont plus de raisons d'être. On n'est plus de tel ou tel pays, on est humain en déplacement, ou bientôt en déplacement. L'UE et les USA ne le comprennent pas et construisent des murs contre les flux humains, paye les autres pays pour parquer des populations. Dérisoire. Tout comme brûler des tentes à Calais pour qu'on ne voit plus les migrants. Dans Human Flow, le monde entier est recensé, peut-être à part l'Amérique Latine pour laquelle un des plans de fin nous indique qu'elle est à ne pas oublier... Les Rohingyas nous brisent le Cœur, et une princesse jordanienne nous réconcilie avec l'humanité. Mais ce n'est pas tout : En se mettant en scène, en nous faisant marcher avec les migrant dans ces paysages si européens, en filmant cette femme du balcon de sa maison en Grèce, Ai Weiwei nous fait passer un message : acceptons au moins de voir. Car lorsque l'on voit, on commence à comprendre. Voyons, et aussi filmons. Filmons avec nos petits portables ou smartphones. Utilisons les réseaux sociaux, … «Jusqu'à que les hommes aient retrouvés l'amour et la fraternité» comme chantait Reggiani. Nous pouvons au moins faire ça. Nous n'avons pas voulu voir les causes (Irak, Libye, pollutions...), nous allons voir les conséquences. A propos, que faisons-nous aujourd'hui pour les kurdes ?