Etait ce une bonne idée que de terminer cette merveilleuse série par un film? Finalement, oui. Quand on est addict.... Et pour les non-addicts? Là c'est plus compliqué. Ils peuvent être rebutés par le côté exagérément cucul du scénario (le personnel du château rentre dans une guerre picrocholine au cours d'une visite royale en s'apercevant que seul le personnel de la cour sera autorisé à officier...) Et puis, un des côté extrêmement attachant de la série était de suivre, d'année en année et de saison en saison, l'évolution psychologique de personnages tous finement ciselés, certains détestables, comme Barrow (Rob James-Collier), qui ne cesse de nuire à ses collègues, mais dont on comprend qu'une homosexualité non assumée fait de lui un être excessivement solitaire et malheureux; ou faussement détestable, comme la merveilleuse comtesse douairière -on adore trop Maggie Smith! le prototype de la méchante et arrogante aristocrate mais qui devant un cas concret comme la grossesse hors mariage d'une petite fille, est compréhensive et efficace.
Autre chose très finement décrite est l'évolution des rapports entre Tom (Allen Leech), ancien chauffeur républicain et séparatiste irlandais, entré dans la famille, et leur lent apprivoisement réciproque.
Et puis, il y a cette société qui bouge, les robes raccourcissent, les femmes travaillent et elles aiment cela.... Un quart de siècle d'une évolution dont nous sommes les descendants. Bref, s'il n'y avait pas cette qualité de la série, comment comprendre qu'on soit aussi attachées à des gens avec qui nous n'avons rien, mais alors vraiment rien, en commun?
Ces gens, déformés par leur abominable milieu.... [et ça vaut aussi pour des domestiques entretenus dans leur esprit d'ilotisme, certains plus snobs encore que leur maître (terme qui peut se dire d'un domestique mais non d'un aristo....)] comme l'ineffable majordome Carson (Jim Carter)] sont finalement des êtres humains comme nous autres, dès qu'un événement imprévu les sort de leur chape....
Autre plus pour les téléspectateurs (qui n'avaient pas la chance d'avoir un écran géant): apprécier ces beaux paysages agrestes, tranquilles et valonés. Et voir de plus près nos chéris: Hugh Bonneville, Elizabeth McGovern qui a fait un sacré chemin depuis il était une fois en Amérique, Laura Carmichael, Johann Froggat, Lesley Nicols, et Michelle Dockery -elle, on ne l'aime pas mais elle est vraiment belle...
Bref, faut il recommander le film de Michael Engler aux bizuths? Je dirais: non. Il se feraient une fausse idée. Allez d'abord acheter le dvd des séries!