Après de nombreux courts métrages et documentaires, la réalisatrice, productrice et scénariste basque Arantxa Echevarría a franchi le pas du long métrage l’année de ses 50 ans. Un pas franchi avec succès, son film, "Carmen & Lola" ayant été retenu dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2018 et, surtout, s’avérant profondément juste sur un sujet délicat.
C’est sur un marché de la banlieue de Madrid que Carmen et Lola vont se rencontrer pour la première fois : lorsqu’une bonne averse risque de détériorer les livres et les meubles proposés à la vente par la famille de Carmen, cette dernière se met à la recherche d’une bâche en plastique et elle finit par la trouver auprès de Lola, dont la famille vend des fruits et des légumes. Carmen et Lola ont à peu près le même âge, 16 ou 17 ans, et elles font partie de la communauté gitane de Madrid. Alors que Carmen a tout l’air de suivre sans vraiment rechigner le chemin tracé pour elle par sa famille, fiançailles, mariage, lequel implique soumission à son époux, grossesses à répétition, Lola, elle, est plutôt du genre rebelle : elle souhaite poursuivre ses études, devenir institutrice, elle tague les murs de sa cité et ne veut pas entendre parler du mariage. En fait, Lola s’est déjà aperçue qu’elle est attirée par les filles, mais elle se contente de pratiquer sur des sites de rencontre cette homosexualité latente. Les fiançailles de Carmen vont amener les deux jeunes filles à se rencontrer à nouveau, son fiancé étant un cousin de Lola. Une amitié va naître, qui, petit à petit, va se transformer en autre chose.
Sur ce sujet délicat d’un amour lesbien dans une communauté gitane espagnole, on pouvait s’attendre à tout, même au pire. C’est avec une énorme satisfaction qu’on prend très vite conscience que Arantxa Echevarría a réussi le meilleur : un film très juste et d’une grande sensibilité, un film très tonique et très coloré, magnifiquement interprété par deux comédiennes non professionnelles.