Quelques mois seulement après Death Wish, Eli Roth signe La Prophétie de l'horloge, un conte fantastique tiré du roman gothique du même nom publié en 1973 par l'auteur John Bellairs. Un genre qui sied parfaitement à "l'Ours juif" d'Inglourious Basterds, grand adepte de l'épouvante qui a fait ses premiers pas derrière la caméra pour Cabin Fever et Hostel.
Cela faisait un petit bout de temps que Mythology Entertainment voulait travailler avec Eric Kripke, le créateur de la série Supernatural, dont la longévité n’a d’égal que le succès. Pour le convaincre, la production a jeté son dévolu sur le livre qui a suscité sa vocation chez ce scénariste à succès : le premier tome de la série mythique de John Bellairs mettant en scène les aventures de Lewis Barnavelt.
Le film est adapté du premier des 12 tomes, qui se sont échelonnés sur une période de 40 ans et dont le dernier est sorti il y a 10 ans. Comme beaucoup d’enfants des années 1970, Eric Kripke adorait le ton du livre avec ses illustrations gothiques signées Edward Gorey, qui au fil des pages pouvaient être aussi amusantes que donner la chair de poule. Il avait même écrit une lettre à John Bellairs et ce dernier lui avait répondu !
Cate Blanchett et Kyle MacLachlan, qui jouent des magiciens rivaux dans La Prophétie de l'horloge, ont chacun joué des ennemis de super-héros Marvel. La première dans Thor Ragnarok (2017) et le second dans Marvel: Les agents du S.H.I.E.L.D..
Lorenza Izzo, qui incarne la mère de Lewis dans La Prophétie de l'horloge, n'est autre que la femme du metteur en scène Eli Roth.
"Cette histoire raconte des choses terribles et interroge principalement votre capacité à surmonter des tragédies. Et puis je me suis toujours un peu identité à Lewis… même si je ne suis pas orphelin, je me suis toujours senti exclu, étranger à mon entourage. Et Steven Spielberg m’a donné un conseil en or : "n’en fais pas des caisses avec les décors, laisse la place à l’imaginaire des spectateurs, laisse les faire une partie du travail afin qu’ils se l’approprient." C’est exactement ce que j’ai voulu faire", se rappelle Eli Roth.
La Prophétie de l'horloge est entre autres produit par Amblin Entertainment, une société qui avait été fondée en 1981 par Kathleen Kennedy, Frank Marshall et Steven Spielberg. A noter qu'Eli Roth avait fait une apparition en tant qu'acteur dans Le Monde perdu: Jurassic Park (1997) réalisé par Spielberg et produit par Amblin.
La Prophétie de l'horloge est le premier film réalisé par Eli Roth à ne pas avoir été "Rated R" aux Etats-Unis (ce qui signifie que les mineurs de moins de 17 ans doivent être accompagnés d'un adulte s'ils veulent voir le film).
Pour Cate Blanchett, la scène de l’attaque des automates restera la plus terrifiante du tournage. La comédienne se rappelle : "Quelque part au fond de moi, bien enfouie, je garde la terreur des clowns et des poupées, qui a été réveillée par la scène où des pantins normalement adorables s’animent pour vous foncer dessus". Cette scène est par ailleurs inspirée d’un des numéros classiques de magie, mais l’équipe l’a détournée afin que tout ce qui semblait rassurant déraille de façon effrayante !
A noter que la plupart des automates proviennent de la collection de Steven Spielberg, et certains d’entre eux sont de vraies antiquités, ce qui les rend d’autant plus abominables.
Si la luxueuse et mystérieuse maison qui abrite en son sein la fameuse horloge est un personnage à part entière du film, elle s’inscrit dans l’univers très particulier de sa ville, Zebedee. Située à 30 minutes d’Atlanta en Géorgie, la petite bourgade de Newman offrait l’ambiance idéale pour développer l’univers de John Bellairs, avec ses maisons du début du siècle. Eli Roth voulait que Zebedee soit à mi-chemin entre les villes européennes des années 1940 et la ville typique des années 1950 de Retour vers le futur. Avec sa place et son horloge, Newman était idéale pour recréer l’atmosphère à la fois désuète, bon enfant et optimiste tout en technicolor si caractéristique de l’Amérique de l’après-guerre.
Le chef décorateur Jon Hutman (qui avait travaillé avec Roth sur Quiz Show de Robert Redford) nous explique : "Le fait qu’Eli soit également acteur, producteur et scénariste lui confère une sensibilité et un instinct particulier quant à la création de l’ambiance générale d’un film, et il ne laisse aucun détail de côté. Pour ma part, la perspective de créer de toutes pièces une maison hantée était plus qu’excitante. Il était aussi important pour nous deux que les décors reflètent la personnalité des protagonistes. Et surtout qu’ils soient crédibles et impressionnants du point de vue d’un enfant de 10 ans."
La chef costumière Martha Stewart a été en charge d'habiller les personnages du film. Pour les costumes de Jonathan, elle a mis au point un harmonieux mélange entre la magie et la musique. Inspirés de Modigliani, les pantalons de Jonathan lui permettaient de paraître plus rustre, rond et terrien en comparaison avec Florence, plus raffinée, longue et aérienne. L’éclectisme de son accoutrement est en fait très moderne, un assemblage de pièces dénichées aux puces qui deviennent accessoires quand elles sont mélangées avec des vêtements de tous les jours.
Pour le petit Lewis, Martha Stewart a tout de suite pensé à une veste bien boutonnée et des lunettes, un peu comme un petit Truman Capote ou Bob Newhart. Lewis est très avancé intellectuellement pour son âge, son vocabulaire est recherché et il comprend et absorbe tout avec une rapidité affolante. Intelligent et curieux, il paraît presque plus mature que son excentrique oncle. Lui aussi fait attention à la manière dont il s’habille et ses choix deviennent l’expression de sa fantaisie et au fi nal de ses pouvoirs magiques.
Quant à ceux du sinistre Isaac Izard, ils sont inspirés du célèbre auteur de romans horrifiques du début du XXe siècle, H. P. Lovecraft. Costume sombre croisé très chic et très rigoureux, un col haut fermé d’une cravate noire, le parfait attirail de l’homme le plus sinistre du monde. Dès qu’on le voit on pressent le malheur, la rigueur, la sévérité, et surtout une mystérieuse noirceur… même si au fur et à mesure de l’histoire se révèle à travers son passé avant la grande guerre, une tout autre personnalité qui nous le rend du coup plus humain.