A l'instar de "Shakespeare in Love" où le mythique auteur anglais puisait son inspiration d'une jolie muse pour écrire le classique "Roméo et Juliette", "Edmond" retrace la cocasse course contre le montre d'un jeune auteur en panne d'idées dans un Paris de la Belle Epoque. Les premières minutes peuvent surprendre et faire douter, que ce soit dans le jeu singulier de certain acteur, a priori pas "cinéma" pour un sous, ou pour son côté "fabriqué", une reconstitution de bric et de broc où les ficelles sont trop visibles. Autant dire qu'on ressent les origines théâtrales du projet.
Mais bien vite, un rythme haletant prend forme en plus d'un attachement à cette troupe de théâtre. L'urgence dans laquelle s'est engouffrée ce jeune auteur devient un enjeu de taille, mais d'autant plus plaisant pour le spectateur, qui en profite pour traverser les rouages de cette grosse machine scénique. Comme le dit si bien un personnage, "L'art du théâtre est un art éphémère" et "Edmond" rend si bien hommage à l'investissement et à la surcharge de travail qui précède une représentation. Cet éloge au théâtre, en plus, est accessible à tous, connaisseur ou non de l'oeuvre, car il se veut fort comique, voire cabotin il faut l'avouer. Cette comédie est un beau spectacle rempli de bons sentiments, d'espoir et de rêve. Certes, ça parle surtout de théâtre mais Michalik, par sa première réalisation, signe une épopée romanesque, jubilatoire et dépaysante qui s'inscrit fièrement sur grand écran ! Niveau mise en scène, j'ai particulièrement été séduit par le torrent de création précédant le soir de la première, avec comme fond le fameux "Boléro" de Ravel ! Epique !
L'un des grands atouts et l'une de ses plus grandes surprises réside dans son casting, qui mène ce cette histoire vraie tambour battant. Déjà, Mathilde Seigner, en actrice insupportable, surprend par son auto-dérision ! Clémentine Célarié est totalement inattendue en Sarah Bernhardt mais prouve avec un plaisir du jeu qu'il n'y avait pas besoin de mettre Fanny Ardent ou Juliette Binoche dans ce rôle. Pareil pour les seconds rôle tenus par Tom Leeb, Lucie Boujenah et Alice de Lencquesaing, nouvelles têtes qui font du bien même si leur jeu est parfois déroutant. Olivier Gourmet, en grand acteur, est magistral et très touchant. Enfin, Thomas Solivérès, dans le rôle titre, étonne surtout quand on connait ses précédents rôles comiques, mais il gère dans ce rôle de chef d'orchestre qui avance à l'aveugle.