L’un des plus beaux films de Brisseau, insolite et émouvant portrait de femmes, entre réalisme, érotisme et onirisme. Fabienne Babe, actrice fétiche du cinéaste, offre l’une de ses meilleures prestations. Dommage que les qualités du film aient été parasitées par la controverse suscitée par les nouveaux apôtres de l’ordre moral.
Jean-Claude Brisseau a une réputation sulfureuse héritée des quelques déboires avec le justice et d'une filmographie où les femmes, le fantasme et le sexe dialoguent énormément. Son dernier film a été finance grâce aux royalties engrangés après la diffusion à la télé de "Noce Blanche" il y a quelques années. L'âge d'or est révolu, ses films sont devenus de plus en plus abscons jusqu'à celui-ci. Qu'est ce que c'est que ce bazar ? La grande question du film. Blacklisté, Brisseau bricole donc ses films comme il peut avec toujours des thématiques connues. Mais son scénario sent le réchauffé, les digressions des dialoguent n'ont ni queue ni tête et le film se vautre dans le ridicule avec des scènes ésotériques kitsch. Le rire gêné pointe plus d'une fois. Un embarras d'autant plus prégnant que le réalisateur a des choses à dire, mais il les dit tellement mal que ça ne passe pas.
Film modeste dans la filmographie riche et personnelle de Jean Claude Brisseau, Que le diable nous emporte reprend un des thèmes favoris du sulfureux cinéaste : la captation du désir et du plaisir féminin à travers la monstration de l'amour saphique. D'abord duo, trio,quatuor (avec l'arrivée du personnage masculin assez falot d'ailleurs) et enfin, l'arrivée su septuagénaire philosophe et fan de méditation, remarquablement joué par Jean Claude Bouvet et sa voix chaude et intense, le film progresse d'une originale façon. Tourné avec peu de moyens financiers à l'intérieur de son appartement (c'était le cas de son précédent film plus axé sur le fantastique et un peu plus prenant), ce dernier opus réussit souvent à capter l'attention grâce à une superbe mise en image et un jeu assez planant d'actrices très inspirées. Isabelle Prim, tout en mystère, Ana Sigalevicth, chargée d'érotisme habitée et surtout la magnifique Fabienne Babe (55 ans!), qui effectue un retour très puissant dans un rôle tragique. Le film patine souvent, se répète parfois et arrive finalement en retard dans notre époque (les images de la galaxie sur lesquelles les filles s'ébattent sont belles mais un peu hors sujet) mais la scène centrale où Fabienne Babe narre les evènements tragiques de son enfance est sublime. Un petit film conceptuelle sans vulgarité à voir, sans en attendre trop.
Sulfureux, controversé, aimé ou honni, Jean-Claude Brisseau ne laisse pas indifférent et cela date de longtemps, depuis De bruit et de fureur et Noce blanche qui partageaient déjà. Tout s'est troublé davantage avec les accusations d'actrices et des films axés sur le désir féminin. Que le Diable nous emporte, tourné principalement dans le propre appartement du réalisateur, n'a pas vocation à relancer le débat. Il y a bien quelques scènes saphiques, dignes d'un téléfilm soft, mais aussi et surtout plusieurs intrigues qui se rejoignent autour de la recherche d'harmonie et de sérénité qui passent aussi bien par le yoga, le mysticisme, le sexe (évidemment), la tendresse et la tolérance. Malgré un scénario qui n'évite pas les redondances, et grâce notamment à un humour inattendu, le film ne manque pas d'intérêt pour peu que l'on accepte un côté parfois décousu et des envolées oniriques à base d'effets spéciaux un brin surannés. L'interprétation est inégale mais la présence de l'excellente Fabienne Babe et du savoureux Jean-Claude Bouvet relèvent nettement le niveau. C'est loin d'être le meilleur Brisseau mais au-delà de ses obsessions thématiques, on y relève un véritable apaisement qui s'apparente à de la sagesse.
Les dialogues, le jeu des actrices/acteurs, les prises de vues, et par dessus tout la découverte des accusations envers le réalisateur nous a laissé sans voix au regard de la médiocrité de la prestation cinématographique. Il est bien question d'une perte de temps quant au visionnage de ce film. Stimulée rien qu'une seule étoile serait de la flatterie. Encore un regard d'homme cisgenre hétéro blanc ayant entre ses mains toutes les armes des dominants, où se reflète la caricature de leurs fantasmes dégueulasses. Ne perdez pas votre temps !