Sulfureux, controversé, aimé ou honni, Jean-Claude Brisseau ne laisse pas indifférent et cela date de longtemps, depuis De bruit et de fureur et Noce blanche qui partageaient déjà. Tout s'est troublé davantage avec les accusations d'actrices et des films axés sur le désir féminin. Que le Diable nous emporte, tourné principalement dans le propre appartement du réalisateur, n'a pas vocation à relancer le débat. Il y a bien quelques scènes saphiques, dignes d'un téléfilm soft, mais aussi et surtout plusieurs intrigues qui se rejoignent autour de la recherche d'harmonie et de sérénité qui passent aussi bien par le yoga, le mysticisme, le sexe (évidemment), la tendresse et la tolérance. Malgré un scénario qui n'évite pas les redondances, et grâce notamment à un humour inattendu, le film ne manque pas d'intérêt pour peu que l'on accepte un côté parfois décousu et des envolées oniriques à base d'effets spéciaux un brin surannés. L'interprétation est inégale mais la présence de l'excellente Fabienne Babe et du savoureux Jean-Claude Bouvet relèvent nettement le niveau. C'est loin d'être le meilleur Brisseau mais au-delà de ses obsessions thématiques, on y relève un véritable apaisement qui s'apparente à de la sagesse.