"Si vous vous attendez à une déception, vous ne pourrez jamais vraiment être déçu" lançait M.J. à Peter alors que celui-ci se préparait à ne pas être accepté au M.I.T., l'une des plus célèbres facultés américaines.
Quatre ans après le très moyen "Homecoming" et deux après le surprenant "Far From Home", Spidey et Jon Watts signent leur grand retour dans un troisième film portant le nom de l'homme-araignée et bouclant la première trilogie de cette nouvelle saga récemment estampillée MCU. Sans mes pop-corn habituels du fait de la pandémie, je ressentais tout de même une réelle attente mais surtout une certaine peur, celle d’un film trop "fan-service", après les multiples annonces tenant au retour d'acteurs majeurs ayant joué, antérieurement, des rôles importants dans les divers univers de Spider-Man - notamment celui de Raimi.
Sur les chapeaux de roues, ce 8ème long-métrage ayant trait à Peter Parker reprend là où "Far From Home" s’était arrêté : en plein New-York, l’identité de Spider-Man est révélée au monde par Mystério qui l’accuse d’avoir contrôlé les drones au cours de l’attaque de Londres, dans le second opus, et de l'avoir assassiné.
Dans un univers où Spidey est devenu l’ennemi public n°1, notamment en raison de la propagande de Jonah Jameson qui ne cesse de considérer Mystério comme le "plus grand super-héros de tout les temps", Peter va se rendre chez Stephen Strange afin de "faire oublier à tout le monde qu'il est Spider-Man". Jusque-là, tout va bien.
Toutefois, la "petite araignée sympa du quartier" va altérer le sortilège lancé par Strange afin que ses proches - M.J., Ned, May et Happy - n’oublient pas qu’il est l’homme-araignée sans pour autant que ne lui caresse l'esprit l'idée qu'un tel acte puisse affecter l'humanité toute entière.
Comme à son accoutumée depuis son insertion dans le MCU, le personnage campé par Tom Holland est, à la différence des anciens Spider-Man plus qu'attachants, toujours animé par des motivations purement individualistes et enfantines à la limite du barbant : comprenez, il a peur que M.J. ne soit avec lui uniquement parce qu'il est Spider-Man. Conséquence de quoi, tous ceux qui connaissent l'identité de l'homme-araignée, quel que soit leur univers, vont se retrouvé propulsés dans le sien, qu'ils soient vivants ou morts pour la plupart. C'est ainsi que nous avons le plaisir de retrouver quelques-uns des méchants les plus marquants de l'univers créé par Stan Lee ; cependant la présence d'Electro peut surprendre dès lors qu'il n'a jamais eu connaissance de l'identité de Peter dans The Amazing Spider-Man 2, à la différence d'Eddie Brock dans Spider-Man 3 et des Harry Osborn dans les deux sagas antérieures qui ne sont étrangement pas présents dans le long-métrage. L'absence de Franco s'expliquerait-elle par ses déboires judiciaires ?
Premier souci narratif donc. Cependant, les tares de ce film ne se résument pas à une simple incohérence scénaristique. Pouvons-nous ainsi noter une certaine destruction de ce qu'avait réussir à bâtir Raimi dans sa trilogie et Marc Webb - à moindre échelle - dans les The Amazing Spider-Man : excepté le Bouffon vert (Willem Dafoe est toujours aussi convaincaint), la plupart des super-vilains y sont tournés à la dérision ; l'humour omniprésent dans le film ne paraît pas naturel lorsque ces personnages étaient dépeints de manière sombre dans les cinq premiers films. Mention spéciale pour le Dr. Octopus (Alfred Molina) sans-cesse moqué et tourné en ridicule par les personnages et pour Electro (Jamie Foxx) que l'on confondrait presque avec Kevin Hart tant les blagues ne cessent de fuser. Le film de Jon Watts ne respecte jamais réellement les bases posées autrefois par Sam Raimi et trahit profondément la vision éminemment psychologique qu'il avait pourtant fabriqué.
De plus, scénaristiquement, le film ne se tisse pas très haut. devons-nous revenir sur les choix plus que périlleux et stupides de Peter Parker : pourquoi tenter de soigner les vilains, et leur laisser une chance de faire du mal aux gens qu'il aime et qu'il souhaitait protéger avec le sortilège, alors que Strange lui enjoignait de les renvoyer purement et simplement dans leurs univers ? De surcroît, si ceux-ci sont morts dans leurs univers respectifs, le fait de les soigner les ressusciteraient-ils à leur retour ? Logiquement non, alors pourquoi prendre ces risques inconsidérés.
Certes, les retours successifs de méchants et autres raviront les fans de la première heure, dont je fais évidemment partie, certes c'est impressionnant techniquement et on s'en prend plein la rétine - malgré une réalisation fade - mais c'est à peu près tout. Fatalement, l'on se retrouve devant ce que j'ai pu tant redouter : un film quasi-exclusivement porté sur le "fan-service" et la nostalgie, trop enfantin, parfois futile, donnant, à la fin du visionnage, un goût amer en bouche au vu de son indéniable potentiel, comme le sentiment d'un rendez-vous manqué. Le film devrait cependant plaire aux adeptes du MCU, friands de ce que M. Martin Scorsese comparait à un "parc d'attractions".
Aux autres, je vous conseille de vous rendre dans votre salle obscure en y attendant pas grand chose, car, "si vous vous attendez à une déception, vous ne pourrez jamais vraiment être déçu".