Après qu’il ait été impliqué dans l’affrontement contre Thanos, il y avait peu de chances que Spider-man, le personnage tel qu’il est traité et la franchise au cinéma dans sa globalité, puissent rester celles de la “petite araignée du quartier”, avec ses problématiques new-yorkaises et ses gangsters à échelle humaine, et le symptôme le plus apparent au sein de ‘No way home’ est l’inclusion du Docteur Strange dans cette nouvelle aventure. Autre chose qui apparaît à la vision du troisième film de l’arc narratif avec Tom Holland, c’est que Marvel adore truffer les scénarios de ses productions de considérations quantiques et d’explications pas vraiment vérifiées, jusqu’au moment où il se retrouve coincé dans une impasse logique, et il faut encore ajouter à cela le rachat intégral des droits des univers cinématographiques de Spider-man à Sony, ce qui donne à Marvel la possibilité d’intégrer une bonne fois pour toutes tout ce qui tourne autour du personnage depuis les films de Sam Raimi des années 90. Le multivers' arrive donc à point nommé pour répondre à toutes ces problématiques, sur le modèle de ce qui avait été fait dans l’excellent film d’animation “Spider-man : new generation” en 2018. Je ne vais pas vous révéler en quoi consiste ce vaste mash-up filmique, même si ce n’est pas très compliqué à deviner. Sachez simplement que les réalités parallèles ne constituent en rien un prétexte pour concocter un brainstorming nolanien à base de paradoxes temporels et de théorie des cordes : ‘No way home’ conserve toute la simplicité d’une production Marvel et on est prié d’accepter l’origine magique de ce foutoir dimensionnel et de ne plus s’en préoccuper par après. Reste que cette volonté de lisibilité permet au scénario de ne jamais se prendre les pieds dans le tapis et de laisser l’impression, une fois que le générique de fin défile, d’un joli tour de passe-passe narratif. Premier blockbuster d’importance après la conclusion pharaonique de dix ans de phases antérieures, ‘Spider-man’ : no way home’ reste une production Marvel jusqu’à la caricature : techniquement parfaite, visuellement éblouissante, dans laquelle chaque élément, du moindre trait d’humour à l’effet numérique le plus discret, est été précisément disposé à sa juste place, sans que rien ne soit laissé au hasard. Il n’y a donc aucune raison de supposer qu’un tel film prenne le moindre risque de sortir du rang d’autant plus que, malgré un ton moins léger qu’à l'accoutumée, ‘Spider-man : no way home’ opère comme un immense concentré de fan-service spécifiquement destiné aux admirateurs les plus fidèles de ce super-héros. On ne va pas se mentir : quoi qu’on puisse penser de l’acte de caresser les spectateurs dans le sens du poil sans jamais chercher à les déstabiliser, ce fan-service, poussé à un degré rarement atteint auparavant, constitue le véritable atout du film, et il faudrait être solidement blasé et négativiste pour ne pas apprécier le résultat à sa juste valeur. Il ne s’agit jamais de clins d’oeil superficiels mais d’un film tout entier bâti autour d’un concept qui s’autorise à battre le rappel du ban et de l’arrière-ban de 20 ans de castings successifs, et c’est quand même un peu dingue de songer que Marvel a dépensé des centaines de millions de dollars et convoqué une armada de scénaristes simplement pour justifier une récupération de droits d’utilisation comme il en arrive toutes les semaines dans le milieu hollywoodien.