Film de clôture de la Semaine de la Critique cannoise, édition 2018, "Guy" se présente sous la forme d'un faux documentaire, tourné par Gauthier, un jeune journaliste, qui, ayant appris par sa mère que son père n'est autre que Guy Jamet, un chanteur de variété âgé, décide de le suivre dans une tournée à travers la France, avec l'accord de Guy bien sûr, mais sans rien révéler sur leurs liens. Pour ce qui est son deuxième long métrage de cinéma en tant que réalisateur, Alex Lütz fait preuve d'une belle maitrise et nous offre un film plus profond qu'il n'y parait, sur le vieillissement, sur la perte de popularité chez les artistes, sur le show-business en général, sur les rapports père-fils. Il faut dire qu'il est sacrement aidé par une distribution de haut niveau. Par lui-même, d'abord, puisque c'est lui qui interprète le rôle de Guy Jamet en y montrant d'une crédibilité exceptionnelle, non seulement en ce qui concerne le résultat après maquillage mais aussi dans la façon de se comporter, de se mouvoir, de parler. Après les 5 heures de maquillage quotidiennes, Alex Lütz devenait vraiment un chanteur de variété septuagénaire, un mélange de Michel Sardou et de Herbert Leonard. Un vieux chanteur mélancolique et lucide, le premier à se moquer de lui. A ses côtés, des comédiens et comédiennes en grande forme : Pascale Arbillot dans le rôle de sa compagne du moment, Brigitte Roüan dans celui de la mère de Gauthier, Nicole Calfan dans celui de l'attachée de presse de Guy, Dani dans le rôle d'Anne-Marie, une ancienne compagne avec qui il a eu un enfant, Elodie Bouchez interprétant le rôle d'Anne-Marie jeune. Plus, bien sûr, Tom Dingler dans le rôle de Gauthier et un certain nombre de caméos : Julien Clerc, Michel Drucker, Nicole Ferroni. On remarquera sans surprise, en voyant ses 33 tours, que les goûts musicaux de ce chanteur de variété français vont vers des interprètes anglo-saxons et non vers le genre qu'il pratique lui-même !