Je respecte le point de vue de Pierre Schoeller et encore plus son travail documenté, sa vision artistique mais malheureusement je n’ai pas été captivé. J’attendais avec impatience ce nouvel épisode de la Révolution Française et j’en resterai aux films de Robert Enrico et Richard T Heffron, même si ces deux diptyques comportent des imperfections. Mais au moins, ils ont l’avantage de ne pas survoler les évènements ce qui n’est pas le cas de « Un peuple et son roi ». La démarche artistique n’est certes pas comparable, il reste que j’ai parcouru ce film comme un livre que l’on feuillette parce qu’il a de belles photos, de belles gravures. Pas envie de lire le texte. A propos de livre, j’ai lu un énorme pavé où il y avait de belles gravures : « Chronique de la Révolution » aux éditions Larousse. Un livre à poser sur une table impossible à lire dans le métro ou dans un train ! Une Révolution relatée au jour le jour. Autrement, je vous conseille Michelet deux pavés qu’on peut emporter. Si le diptyque de 1989 est bien chapitré avec des dates significatives et indispensables pour les béotiens, d’aucuns diront scolaire, « Un peuple et son roi », même pour les avertis, nécessite un GPS temporel ! J’abuse mais le film souffre de trop d’ellipses. On ne peut pas condenser les quatre premières années de la Révolution en moins de deux heures. A cela s’ajoute un manque total d’émotion, en ce qui me concerne. Que ce soit le peuple ou le roi, je n’ai eu aucune empathie. Et comme je l’ai lu, le peuple est « propre sur lui »; en effet, ça ne sue pas la faim, ça ne pue pas la crasse, ça ne transpire pas la rage. Les pieds sales de Gaspard Ulliel font tache presque ! Laurent Lafitte campe un roi dénué de caractère, je lui préfère Jean-François Balmer dans « La Révolution Française ». On y percevait sa maladresse, sa bienveillance, sa naïveté, sa faiblesse, son trouble, son impuissance, sa résignation. Un roi qui n’aurait pas dû régner et victime. Ici, le réalisateur nous a pondu un roi sans consistance ; il nous est déjà présenté comme un neurasthénique, absent. Je m’attendais à ce qu’on s’attarde sur ce roi ; une confrontation à distance, en parallèle avec ce peuple ; son décalage envers son peuple. Des questionnements. Etait-ce déjà tout comprimé dans l’interprétation de Laurent Lafitte ? Pas convaincu. A voir aussi « Danton », un épisode focalisé sur sa chute. Un film puissant signé Andrzej Wajda d’une autre dimension. Bref, une déception.