“Sans filtre” un titre neutre en version française, on préférera “Triangle of Sadness”, titre proposé dans la version originale, bien plus évocateur. Un film en 3 partie inégales, toute ayant son lot de bonnes et de mauvaise choses. J’ai clairement apprécié la 1ère partie, permettant de poser les éléments de l’histoire, le mannequinat, le luxe, la richesse, les centres d'intérêt du duo, le couple atypique et moderne que forme Carl (Harris Dickinson) et Yaya (Charlbi Dean Kriek). On ne sait pas s’ils sont ensemble pour les likes, les followers et l’argent ou parce qu’ils s’aiment vraiment.
A priori, c’est la 1ère option qui fait foi comme le laisse entendre la fin de conversation de cette plaisante 1ère partie.
La 2ème partie est clairement la plus longue et celle qui offre le plus de “spectacle”.
Dans la continuité, Carl et Yaya ne sont plus les centres d’intérêts mais protagonistes parmi la quinzaine qui alimentent la narration.
Cette partie est clairement ma préférée : beaucoup de décadence, chacun en prend pour soi, avec une ironie, un cynisme et un humour dont je me délecte.
La grenade reste pour moi de trop, que le yatch coule de lui-même aurait été d’autant plus poétique.
La 3ème et dernière partie est d’autant plus une réflexion sur les codes de société renversés par une situation cocasse.
Les rôles changent, s’inversent, c’est bien bien présenté mais plutôt long après le carnage suscité dans la 2ème. La conclusion n’est pas non plus des plus évidentes, c’est la plus grosse déception du film qui ne conclut pas correctement le triptyque, bien que la bande originale se terminant sur la magistrale “Marea (We’ve Lost Dancing)” de l’anglais Fred Again.
Dans l’ensemble, nous avons quelque chose de cohérent et d’insolite en même temps, mais trop long (2h30) pour le message que le long-métrage souhaite faire passer. On retiendra surtout la soirée du “Repas du Capitaine (Woody Harrelson )” qui est superbement amenée pour un chaos mémorable, cela dépasse même l’arc narratif, le réalisateur a voulu se faire un délire que je n’ai pas déprécié. “Triangle of Sadness” sort indéniablement des sentiers battus, c’est frais, moderne, de très bons comédiens et c'est superbement réalisé.