pour la première fois de ma vie j'ai failli me lever et partir du cinéma. c'est balourd, chaque bonne idée s'étire, jusqu'à devenir insupportable. On m'avait vendu un film limite progressiste, il s'avère plus conservateur qu'autre chose, avec leur petite fable sur le retour à l'état de nature : ah vous y avez cru ? parce qu'en fait on peut rien changer, et si on tente c'est pire, les pauvres aussi sont méchants et égoïstes. par ailleurs, les persos féminins sont extrêmement problématiques : facilement achetables ou manipulateurs. Tandis que le personage handicapé dont le handicap sert juste de ressort comique, c'est un peu glaçant.
« The Square » était une claque visuelle et morale, qui frappait très fort et distillait un immense malaise. Ruben Östlund choisi le ton de l’humour corrosif (parfois même potache) pour sa nouvelle satire « Sans filtre ». Si l’on retrouve une mise en scène ultra soignée et également un ton critique très féroce, le reste semble beaucoup plus léger et plus accessible. Pour autant, cette seconde palme d’or à Cannes ne va pas faire l’unanimité ! Si la majorité des spectateurs pourra apprécier les attaques contre l’ultra libéralisme, les rapports avec l’argent et la beauté, certaines longueurs ainsi que le comique de répétition peuvent donner la nausée (et ça n’est rien de le dire). En revanche, certains passages sont carrément cinglés, telle une partie de touché coulé jouée à la grenade qui va laisser des traces et ne pas plaire au plus grand nombre ! Le film fait mouche sur les rapports hommes femmes, les classes sociales biaisées par l’argent et sur le ridicule du milieu de la mode. Au royaume de l'argent roi, les nouveaux et les anciens riches sont rejoint par les influenceurs (qui utilisent de nombreux filtres pour les photos publiées sur les réseaux sociaux). Ce « beau monde » gravite autour du business et de ce qu’il peut acheter, la beauté étant une valeur précieuse. Il y a quelques dialogues collectors, des passages d’anthologie et une inversion des rapports très savoureuse. Malheureusement, la fin laisse un peu… sur sa faim.
Bon, c'est rare que je note si mal un film mais au bout d'une heure de rien du tout j'ai quitté la salle. Il ne s'y passe rien , la 1ere partie sur une dispute (sans queue ni tête )n'en finit pas , la seconde partie sur le bateau, toujours rien, bref, j'ai perdu mon temps.
Après sa Palme d'Or The Square, Ostlund revient avec Triangle of Sadness, une comédie satirique qui ne réinvente rien en terme de fond mais livre un film hyper efficace, avec de sacrées saillies d'humour jaune. C'est simple, ça tire à boulets rouges sur l'artificialité du paraître, du monde de la mode, sur l'hypocrisie des riches et des puissants, le capitalisme, le communisme...
Une croisière qui va mal se passer suite à de violentes turbulences, et sans spoiler, le film opère un virage plutôt intéressant en renversant la hierarchie du pouvoir, tout en étant profondément misanthrope sur ces en**** d'humains civilisés que nous sommes.
Le cast est top (Harris Dickinson qui surprend en changeant totalement de registre, Woody Harrelson dans le passage le plus hilarant du métrage...) et on tient un des morceaux de comédie burlesque les plus communicatifs de l'année (amis de vomi, vous allez être servis)
Bref, une satire ultra efficace, pas finaude pour un sou, mais qui marche grâce à une très bonne écriture de dialogue, une direction d'acteurs au top et un setting inspiré !
Carl (Harris Dickinson) et Yaya (Charlbi Dean brutalement décédée en août dernier à trente-deux ans à peine) sont mannequins et influenceurs. Ils participent à une croisière sur un yacht de luxe avec quelques milliardaires désœuvrés – un Russe enrichi dans le commerce d’engrais agricole, des Britanniques marchands d’armes, une Allemande paraplégique…. – et une troupe d’hôtesses, de stewards et de femmes de chambres souriants et serviles. Le commandant du yacht (Woody Harrelson), en état éthylique avancé, refuse de sortir de sa cabine. Après bien des émotions, quelques naufragés échouent sur une île déserte où s’instaure un nouvel ordre social différent de celui qui prévalait à bord.
Cinq ans après avoir décroché une première Palme d’Or en 2017 avec "The Square", Ruben Östlund en décroche une seconde avec son film suivant. Seuls Bille August et Michael Haneke avaient avant lui réussi consécutivement un tel doublé. Une telle gloire devrait immédiatement ouvrir à l’encore jeune réalisateur suédois le panthéon du cinéma. Y mérite-t-il sa place ?
Je n’en suis pas si sûr. On salue chez lui son cinéma transgressif, qui se moque des codes empesés du politiquement correct et fait souffler un vent de liberté salvateur dans une époque corsetée par le wokisme ou le féminisme. "The Square" était une satyre de l’art contemporain, de ses engouements factices, de ses oeuvres creuses et surcotées. "Sans filtre" – curieuse traduction de "Triangle of Sadness"… dont il faut reconnaître qu’il s’agissait d’un curieux titre – se moque tout azimuts des influenceurs narcissiques obsédés par leur propre image, des capitalistes malhonnêtement enrichis qui ne savent plus que faire de leur argent et même des pauvres frustrés en quête d’une revanche sociale.
Le problème de ce cinéma là est qu’il est moins transgressif qu’il n’en a l’air. D’une part parce que "Sans filtre" vient juste après "The Square" et que l’effet de surprise face à un nouveau réalisateur qu’on découvrait alors – même s’il en était déjà à son cinquième film après notamment "Happy Sweden" et "Snow Therapy" – ne joue plus. D’autre part parce que Ruben Östlund n’est pas le premier réalisateur à creuser le sillon de la satire acide et anarchique : Luis Bunuel (dans "Le Charme discret de la bourgeoisie"), Marco Ferreri (dans "La Grande Bouffe"), les Monty Python ("Le Sens de la vie") s’y étaient essayé avant lui avec au moins autant de talent. Sans doute ces films là ont-ils plus d’une quarantaine d’années ; mais cela n’ôte rien à leur efficacité.
"Sans filtre" souffre d’un autre défaut : sa construction. Il s’agit de trois histoires collées bout à bout, dont le scénario ne cache d’ailleurs pas la juxtaposition en les introduisant chacun par un carton. On voit d’abord Carl et Yaya dans un restaurant de luxe se disputer l’addition qui, si elle a le mérite de poser la question des codes genrés de nos vies quotidiennes (pourquoi l’homme au restaurant paie-t-il presque toujours la note ?) le fait dans une scène étendue jusqu’au malaise. On embarque ensuite à bord de ce yacht luxueux piloté par un commandant alcoolique et marxiste et peuplé de passagers caricaturaux. La séquence culmine dans une tempête apocalyptique où les passagers rivalisent en jets de vomis et torrents de caca tandis que le soûlographe échange des slogans marxistes-léninistes avec un ancien directeur de sovkhoze converti au capitalisme. Le troisième épisode se déroule sur une île déserte. On y perd de vue encore un peu plus nos deux héros définitivement ravalés au statut de personnages secondaires. Il est difficile d’en dire plus de ce renversement des hiérarchies sans déflorer le sujet, sinon pour évoquer la fin, un peu paresseuse, d’une intrigue que le scénariste semblait bien en peine de conclure.
Le film dure près de deux heures trente ("The Square" durait déjà deux heures vingt). Je mentirais en disant que j’ai regardé ma montre. Pour autant, je ne suis pas convaincu qu’il ait eu besoin de durer si longtemps pour nous faire comprendre son propos.
Se sentir mal à l'aise (voire outré) est l'une des sensations que l'on peut ressentir dans une oeuvre cinématographique. Ce n'est pas celle que je recherche en priorité, mais je dois reconnaître que cette comédie satirique hyper féroce, entrechoquant et inversant les classes sociales, pousse le délire à un paroxysme du politiquement incorrect ! Palme d'or à Cannes 2022, cette lutte des classes sur un yacht en pleine tempête nous renvoie en pleine face notre monde libéral sous une forme grotesque et répugnante. Même si j'admets une réelle qualité de mise en scène, j'ai eu un peu de mal à adhérer à 100% à cette caricature agressive et provocante de notre structure sociétale. Bref, un film "coup de poing", mais pour lequel je n'ai pas vraiment vibré, malgré le fait que les 2h27 de ce chaos totalement dingue soient passées relativement vite. Décapant, excessif et parfois vomitif. Site CINEMADOURG.free.fr
Un film loufoque, possédant une certaine originalité avec des personnages sortants des normes et doué d'une satire assez efficace de la richesse et des relations humaines. Après l'oeuvre accuse trop de longueurs avec une partie 3 inutile. L'humour quant à lui aurait pu être plus perçant. Un film qui laisse un goût d'inachevé.
J'ai adoré .....Mais pas tout !! La 1ère partie ?? J'ai toujours pas compris l'intérêt de la présentation du couple Yaya/Carl autours de cette bataille pour "l'addition" , je sais pas moi ? N'y avait il pas mieux pour introduire ce petit couple de mannequins influenceurs de mes 2 ?? Arrive "LE YATCH" et là c'est magistral!! Moi qui ai grandi avec "La Grande Bouffe " de Marco Ferreri , j'avais pas retrouvé ça depuis !! Woody Harrelson ( l'alcoolomarxiste) en capitaine Fracasse tout , c'est énorme! Le repas du Capitaine ---> j'en rigole encore !!!Un plus pour le ruscoff "Roi de la merd***" Je ne dévoile rien pour que vous ayez le plaisir de découvrir le disons : extrême raffinement ...du repas !!! 3ème partie "L'ILE" est un peu plus classique ; un survival ou les valeurs s'inversent et ou une employée des chiottes devient Reine de l'île au détriment des milliardaires qui viennent ...lui manger dans la main!!! Passage un peu trop long à mon gout mais avec un tout dernier plan qui impose comme morale :"Chassez le naturel et il reviendra au galop "!!! Un film incontournable pour tout cinéphile et qui me réconcilie avec la Palme d'Or !!
Excellent scénario décrivant à la perfection et avec un humour débridé le monde absurde d’aujourd’hui hyper narcissique et totalement futile. J’ai bcp aimé.
La Palme d’or du dernier festival de Cannes a une nouvelle fois été décernée, à la surprise générale, à Ruben Östlund. On retrouve pourtant dans Triangle of Sadness les mêmes ingrédients qui lui avaient déjà valu la récompense suprême en 2017 avec The Square. Le réalisateur suédois fait de l’épate bourgeois en multipliant les pseudo-irrévérences. Cela avait plutôt marché la première fois, mais à la seconde cela ennuie et navre plutôt qu’autre chose. Le long-métrage est découpé en trois parties. Passée la première particulièrement insipide, et heureusement assez courte, la longue séquence sur le navire de croisière réserve bien des surprises. Quelques-unes bonnes et beaucoup d’autres mauvaises. Le réalisateur au regard acide tape parfois juste mais tombe souvent dans la caricature. La longue séquence de mal de mer généralisé pourra faire rire quelques spectateurs mais en gênera nombre d’autres, surtout les émétophobes. La troisième partie du film, sorte de Koh-Lanta navrant, multiplie les sketchs improbables sans véritable liant. C’est d’ailleurs dans cette partie que l’on prend la mesure de la faiblesse du casting. Les acteurs ne réalisent pas des prestations inoubliables et certains sont même particulièrement dénués de charisme. Contrairement à son précédent film, aucune séquence inoubliable ne permet au long-métrage de rester en mémoire plus de quelques heures après son visionnage.