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John Henry
99 abonnés
705 critiques
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3,0
Publiée le 5 janvier 2023
Triangle of sadness contient en lui du génie, du génie à outrance, trempé de plomb. Il roule, il roule sur tout, ce film. Sans se soucier de rien, surtout pas du spectateur. Il défonce tout sur ton passage et ne cherche jamais l'approbation de personne. Il avance comme un char d'assaut et écrase la moindre émotion. Il ne laisse de place à rien et à personne d'autre qu'à lui-même. Il étouffe le spectateur, l'écarte de son chemin, ne lui laisse pas le temps de respirer, de vivre avec lui. Il rentre par la gorge du spectateur et rien d'autre que lui ne peut passer. On ne respire plus. Il y a évidemment des scènes d'anthologie, du cinéma jouissif. Mais l'art ne vit pas pour lui-même, il n'existe d'ailleurs pas par lui-même, il faut qu'il collabore un peu avec les yeux qui l'effleurent.
Avec une première partie peu pertinente et deux autres en une conclusion alléchante et féroce, Ruben Östlund mérite enfin sa Palme. Avec l'impertinence resserrée d'un Snowtherapy mais mécaniquement plus efficiente, la critique est sans concession contrairement à The Square qui faisait mine de... pourquoi pas leur dire que. Là, au moins, il n'y a pas de doute. C'est une révolution agitée désopilante.
Mannequins, influenceurs, milliardaires, nantis, rentiers ; tout ce beau monde passe quelques jours sur un yacht de luxe servi par des salariés aux petits soins pour eux jusqu’à parfois la négation de leur propre dignité. Ces ultras riches ou influents sont d’une vacuité aussi considérable que leur richesse. Ruben Ostlund qui avait déjà obtenu la Palme d’Or pour un film s’attaquant de front à l’artificialité du monde de l’art avec « The square » tacle violemment l’ultralibéralisme et les monstres qu’il engendre. Vomi, caca ; la scatologie de son film fait écho à l’obscénité du monde libéral, grotesque et décadent, qu’il dénonce. Son film démarre avec une première partie pleine de promesse, il s’enlise ensuite dans une succession de séquences excessives conçus uniquement pour choquer les âmes sensibles. La répétition de ses effets de manches finit par lasser et sur 2h30 n’apporte pas grand-chose à sa démonstration. Dans son dernier tiers, il finit par montrer que les pauvres peuvent finir par se venger des riches lorsqu’ils sont en position de force. C’est peut-être ce qui sauve un film dont les circonvolutions ne font plus avancer le schmilblick à mi course ; l’humain riche ou pauvre, s’il peut profiter de sa supériorité, écrase ses congénères. On prend du plaisir dans cette satire où l’intelligentsia se fait démolir ; mais la démonstration est longue et répétitive… Une Palme anecdotique. TOUT-UN-CINEMA.BLOGSPOT.COM
Trois actes. Trois notes. Petit chef-d'œuvre du premier, pour la finesse d'analyse psychologique et l'interprétation des deux acteurs (deux amis mannequins et influenceurs) sur un petit sujet tellement ordinaire qu'il n'est jamais traité. Bon moment avec le deuxième acte, sans plus. Des gens blindés de fric plutôt sale donnent envie de vomir. Sans parler d'une caricature de capitaine. Puis ils finissent tous malades à cause d'une mer démontée et l'on s'amuse, sardoniquement, de les voir tous vomir. Le message est clair. Par contre, il y a un attentat pas clair pour finir. Est-ce pour montrer le destin qui s'acharne ? Enfin le troisième acte est un essai pas terrible, où les acteurs semblent parachutés pour jouer un rôle qu'ils jouent mal. C'est Robinson Crusoé, ou Vendredi, à moins que ce ne soit Sa Majesté des Mouches. Le message est clair et plutôt tragique, mais sans intérêt nouveau (renversement des pouvoirs et addiction au pouvoir). De plus, on sent qu'il y a un hôtel pas loin du lieu de tournage du film (c'est une sensation étrange et inexplicable). Les deux mannequins du début forment l'arc narratif des trois actes. On voit bien qu'ils n'échappent pas à leurs natures dans les trois situations. Leur présence dans le film, physique et psychologique, maintient l'intérêt. Est-ce pour autant un film audacieux ou palpitant ou émouvant ? Non. A.G.
Sans filtre, c’est bien la cas ! Sans filtre sur l’humour, sur les situations trashs, sur les catégories sociales visées. Tout le monde en prend pour son grade. Des ultras riches, aux personnels de ménage, en passant par les ultras beaux et les influenceurs de pacotille. Critique entre autre de l’oisiveté, de la domination basée sur l’argent ou la connaissance. Savoureux, dérangeant, drôle, écœurant, … La palette des émotions et des réflexions est large. Une belle palme d’or qui ne souffre que de longueurs dans sa 3ème partie.
Enfin une excellente palme d'or. Hyper original, on sort franchement des sentiers battus. A la fois drôle et tellement féroce que s'en est jubilatoire. Et puis c'est aussi très drôle. Quel bon film !
"Sans filtre" a obtenu la Palme d'Or du festival de Cannes en 2022. Le film se découpe en trois parties, et veut critiquer la superficialité des riches. C'est vraiment très bon dans les deux premières parties, la première servant surtout d'introduction aux deux personnages principaux, un jeune couple de mannequins. Ils partent pour une croisière de luxe dans la deuxième partie, qui atteint l'excellence dans une séquence de dîner en pleine tempête, où l'humour vient servir à la perfection le discours du film. Et malheureusement, patatras, la dernière partie du film, qui dure presque une heure, n'est pas au niveau du reste et s'égare un peu. C'est dommage car sans cette conclusion qui nous laisse franchement sur notre faim, "Sans filtre" aurait pu être un très grand film.
La palme d’or 2022 revient de nouveau à Ruben Ostlund pour la seconde année consécutive, pour son « Triangle of sadness » (titre français « Sans filtre »).
Alors pour une fois, c’est un film facile d’accès et devant lequel on peut rire à gorge déployée contrairement à ses anciens films, où si l’on souriait, c’était plutôt davantage mental que très vocal.
Pour ceux qui ont été comme moi fortement circonspects face à son « The square », palme d’or 2021 -qui tournait en rond et avait déjà clôturé le sujet dès les dix premières minutes- ne vous braquez pas en vous disant que ce réalisateur n’est bon que pour la branlette intellectuelle bobo et que vous risquez simplement de vous dire que le mec prend trop au sérieux l’aspect cérébral des sujets qu’il traite pour en faire de vraies œuvres audiovisuelles : celles-ci même qui font la force du cinéma et sont à même d’exploiter clairement tout le corpus d‘images, de scenario, de cadrage, de musique, de mixage sonore, de montage, de jeu d’acteur, etc, que ce média spécifique est fait pour assembler. Bon alors moi aussi, là, on dirait que je commence à me branler le cerveau donc j’enchaîne :
Ce film est excellent. Il démarre peut-être lentement : 3 chapitres se succèdent, et c’est à partir du second que ça monte. Et monte encore. le temps passe très vite.
Alors même si l’on a déjà pensé à tout ce qui nous est si génialement montré : la nature humaine que rien ne semble épargner, autant dans sa forme littéralement physique que dans ses codes sociaux, c’est une vraie joie que de pouvoir en visionner une synthèse cynique et malgré tout bienveillante parce qu’elle est honnête.
Honnêteté qui ne nous sera sincèrement révélée que dans sa troisième partie, aussi incongrue qu’inattendue.
“Sans filtre” un titre neutre en version française, on préférera “Triangle of Sadness”, titre proposé dans la version originale, bien plus évocateur. Un film en 3 partie inégales, toute ayant son lot de bonnes et de mauvaise choses. J’ai clairement apprécié la 1ère partie, permettant de poser les éléments de l’histoire, le mannequinat, le luxe, la richesse, les centres d'intérêt du duo, le couple atypique et moderne que forme Carl (Harris Dickinson) et Yaya (Charlbi Dean Kriek). On ne sait pas s’ils sont ensemble pour les likes, les followers et l’argent ou parce qu’ils s’aiment vraiment. spoiler: A priori, c’est la 1ère option qui fait foi comme le laisse entendre la fin de conversation de cette plaisante 1ère partie. La 2ème partie est clairement la plus longue et celle qui offre le plus de “spectacle”. spoiler: Dans la continuité, Carl et Yaya ne sont plus les centres d’intérêts mais protagonistes parmi la quinzaine qui alimentent la narration. Cette partie est clairement ma préférée : beaucoup de décadence, chacun en prend pour soi, avec une ironie, un cynisme et un humour dont je me délecte. spoiler: La grenade reste pour moi de trop, que le yatch coule de lui-même aurait été d’autant plus poétique. La 3ème et dernière partie est d’autant plus une réflexion sur les codes de société renversés par une situation cocasse. spoiler: Les rôles changent, s’inversent, c’est bien bien présenté mais plutôt long après le carnage suscité dans la 2ème. La conclusion n’est pas non plus des plus évidentes, c’est la plus grosse déception du film qui ne conclut pas correctement le triptyque, bien que la bande originale se terminant sur la magistrale “Marea (We’ve Lost Dancing)” de l’anglais Fred Again.
Dans l’ensemble, nous avons quelque chose de cohérent et d’insolite en même temps, mais trop long (2h30) pour le message que le long-métrage souhaite faire passer. On retiendra surtout la soirée du “Repas du Capitaine (Woody Harrelson )” qui est superbement amenée pour un chaos mémorable, cela dépasse même l’arc narratif, le réalisateur a voulu se faire un délire que je n’ai pas déprécié. “Triangle of Sadness” sort indéniablement des sentiers battus, c’est frais, moderne, de très bons comédiens et c'est superbement réalisé.
Je vais essayer d’être objectif en concluant que je ne suis peut être pas le public pour ce genre de film, mais je l’ai vraiment trouvé dérangeant. En plus de durer une plombe, le film peine à démarrer, et quand l’action montre le bout de son nez elle fait des ravages avec des scènes impossibles à regarder (je mets en garde ceux qui sont sensibles au vomi et à la défécation).. J’ai cru à un moment que je m’étais trompé de film tellement le résultat semblait différent de la bande annonce. Je sors de la séance déçu, même si les acteurs jouent tous merveilleusement bien et la morale de l’histoire profonde, la longueur du film et les scènes gênantes l’emportent.
Enfin une Palme d'Or de bonne tenue ! En 3 actes magistraux et féroces, Sans Filtre est une brillante demonstration de la vanité et la vacuité humaines et des rapports de force dans nos sociétés. Un monde qui bouge toujours plus vite offre des retournements de situation brutaux, défaisant ou déplacant les pouvoirs dans un échiquier toujours plus.vaste. Il faut que tout change pour que rien ne change.
Dans la lignée de Parasite, le réalisateur dresse une satire drôle, triste et humaniste. L'actrice va manquer au cinéma tant son talent était perceptible dans le film. Des scènes cocasses qui reflètent bien notre ère des réseaux sociaux.
Une critique acerbe sous forme de joutes verbales entre un russe capitaliste et un américain communiste sur fond de vomi et de naufrage. Ai-je besoin d'en rajouter pour savoir que ce film sera jouissif à visionner? Seul bémol la dernière partie qui s'étire un peu en longueur inutilement.
Palme d'Or controversée à Cannes 2022, "Sans filtre" se découpe en trois parties. Celle du yacht avec la tempête est à mourir de rire, le cinéaste n'hésitant pas à verser dans le trash. Pour ce qui est du reste, ce n'est pas franchement transcendant. Cependant Ruben Ostlund ne se gêne pas pour dénoncer le capitalisme avec également un message féministe, ou encore une inversion des classes sociales dans la troisième partie. Est-ce que cette oeuvre méritait d'accéder au Graal sur la Croisette? Sans doute pas, tout comme "The square" en 2017 du même réalisateur.