D'un côté, "Boy Erased" frappe fort. Son thème, immoral et effrayant au possible, constitue tout son effet coup-de-poing ! Quand on sait que ce genre de thérapies existe encore aujourd'hui, et ce, légalement, ce film fait encore plus froid dans le dos. En plus de témoigner de l'immense courage qu'a eu le protagoniste principal pour rendre public son expérience dans une autobiographie et ainsi assumer son homosexualité, "Boy Erased" pose la question de la religion et de ce qu'elle véhicule comme message. C'est très troublant de constater ce manque total de tolérance dans des familles où la parole de Dieu est primordiale. C'est si loin de notre mode de pensée, tellement improbable, qu'on pourrait presque assimiler ce film à de la science-fiction façon "The Handsmaid's Tale". Ce film témoin, à la limite du documentaire d'une Amérique prude et fermée d'esprit, est porteur d'un message fort et important : l'orientation sexuelle n'est pas un choix et ne peut être changée ou guérie. La seule chose qu'on peut faire, c'est l'accepter et s'y adapter.
Néanmoins, la réalisation de l'acteur Joel Edgerton est bancale. Faute essentiellement du à un montage très étrange, confondant les temporalités, qui donne l'impression d'une narration chaotique et de ne jamais aller au bout des scènes. Malheureusement, cet aller-retour aseptise les scènes les plus fortes ainsi que la performance des acteurs. Au cours du film, j'étais étonné qu'un tel sujet ne réveille pas plus d'émotions vives en moi. J'étais frustré et dérouté par ce compte-rendu de situations et de faits, d'où le côté documentaire et informatif qui s'en dégage. Du coup, on échappe pas aux scènes longues, plates et sans grand intérêts qui banalisent le jeu de ces grands comédiens qu'on a tous vu bien plus habités dans d'autres rôles. C'est dommage car le thème avait tout le potentiel possible et imaginable pour que ça nous prenne aux tripes. Mais c'est comme si le réalisateur s'est mis comme contrainte de ne pas faire du mélo pour dédramatiser et rendre compte, de façon neutre et fidèle, de l'expérience réelle de son protagoniste. Je ne dis pas que ça ne se regarde pas et qu'il n'y a pas de cohérence car certains passages sont choquants ; il suffit d'écouter les paroles ou de regarder les exercices imposés lors de la thérapie pour constater l'improbable de cette situation. La fin, marquant la retrouvaille avec le père, est cela dit, très touchante. A voir, ne serait-ce que pour se rendre compte de la bêtise insensée de l'Homme.