J'avoue que si je n'avais pas su que « Les Chatouilles » était adapté d'une pièce de théâtre, qui plus est avec la seule Andréa Bescond sur scène, je ne l'aurais jamais deviné. Preuve que cette dernière et Eric Metayer ont fait un sacré travail pour la transposer à l'écran, et ce avec de vraies idées, de vrais choix forts. Pas mal de fluidité, une réelle habileté pour jouer des décors en passant presque sans transition de l'un à l'autre, introspection mentale, liberté de ton... Il y a vraiment de belles choses, cette volonté de se livrer tout en gardant une réelle pudeur, une grande dignité étant à saluer. Malheureusement, tout ne m'a pas convaincu pour autant. Que la danse (contemporaine) soit omniprésente dans le film, quoi de plus logique puisque c'est elle qui l'a peut-être « sauvé ». N'empêche, si quelques passages m'ont plu, je continue à y être réellement hermétique, me faisant parfois pas mal décrocher : c'est bruyant, voire fatigant, me faisant regretter les moments où l'actrice-réalisatrice se confie intimement. Autre problème : à force de naviguer entre réel et « replongée mémorielle » (allant jusqu'à modifier certains faits), le discours devient embrouillé, confus, voire plus très intéressant. Impression confirmée à chaque retour au « concret », à la source du propos, beaucoup plus réussis. Surtout, cette résilience est rendue d'autant plus difficile et douloureuse par la relation de l'héroïne à sa mère,
femme dure, insensible, presque cruelle (le pire, c'est que, parfois, ses propos se défendent)
, interprétée par une glaçante et comme toujours remarquable Karin Viard. Clovis Cornillac n'est pas mal mais dans un rôle plus conventionnel, tandis que l'on regrette presque de ne pas voir plus Pierre Deladonchamps tant sa composition de pédophile manipulateur et presque « sympathique » est saisissante. Enfin, dans son « propre rôle », si elle manque légèrement de naturel et de technique, Andréa Bescond s'en sort avec les honneurs. Bref, si tout ce qui touche au traumatisme enfantin m'a plu et touché
(cette ultime scène, je l'ai trouvé vraiment jolie)
, ponctué par quelques audaces formelles de belle facture, l'aspect musical et « psy » m'empêche d'y adhérer pleinement, jusqu'à sortir un peu déçu de la salle. Au moins y a t-il une vraie personnalité aussi bien dans la forme que dans le propos : voilà qui n'est pas donné à tout le monde.