Dans ce documentaire, la réalisatrice explique qu’elle vivait à Paris en 1960 où elle découvrit Ingmar Bergman à travers son film, « Le septième sceau » (1956). C’est aussi l’époque où elle est influencée par les cinéastes de la Nouvelle Vague et « Les Cahiers du Cinéma » qui mettent en avant Hitchcock et Bergman notamment. Elle montre une déclaration de Bergman qui définit le réalisateur de cinéma comme une personne qui a tant de problèmes à résoudre qu’il n’a pas le temps de réfléchir. La réalisatrice obtient en 1981 le Lion d’Or à la Mostra de Venise pour « Les années de plomb ». Elle y rencontre Liv Ullmann, qui a tourné dans 9 films de Bergman (entre 1966 et 1978) et dont elle a une fille (née en 1966). Elle apprend que « Les années de plomb » constitue l’un des films préférés de Bergman avec « La charrette fantôme » (1921) de Viktor Sjöström (1879-1960). Margarethe Von Trotta interviewe principalement des réalisateurs :
- Jean-Claude Carrière, qui indique que Bergman est préoccupé par la culpabilité, tiraillé entre Dieu et ses pulsions,
- Olivier Assayas, ayant écrit aux « Cahiers du Cinéma » entre 1980 et 1985, et qui avoue avoir volé, jeune, l’affiche du film « Un été avec Monika » (1952) où figurait l’actrice du rôle-titre, Harriet Andersson et explique que Bergman a donné de l’importance aux actrices et souligne sa recherche de la lumière),
- Ruben Östlund (ayant obtenu la palme d’Or à Cannes en 2017 pour « The square ») qui explique que la série américaine « Dallas » a inspiré « Scènes de la vie conjugales » (1972),
- Mia Hansen-Løve (compagne d’Olivier Assayas et dont le prochain film sera « Bergman island ») qui évoque l’île de Fårö où le cinéaste a passé la fin de sa vie ; pour elle, Bergman filme les enfants, non pas comme un père mais comme un enfant qu’il est resté,
- Daniel Bergman (56 ans), cinéaste et dont la mère, Käbi Laretei, pianiste estonienne, est la 4e épouse (sur 5 !) du cinéaste. Il a vécu sur l’île de Fårö mais avoue que son père ne lui manque pas. D’ailleurs, son père disait que les acteurs lui manquaient, contrairement à ses (9) enfants… Néanmoins, tous ses enfants se sont rassemblés pour ses 60 ans (1978). La scripte de son père, qui a travaillé avec lui à l’âge de 30 ans, a indiqué qu’il ne s’en prenait jamais aux comédiens mais à l’équipe du film (dont la scripte !).
En 1976, Ingmar Bergman, soupçonné de fraude fiscale, quitte la Suède pour Munich où il met en scène des pièces de théâtre, notamment, 3 de ses films (dont « Scènes de la vie conjugale »). Il y tourne aussi un téléfilm peu connu, « De la vie des marionnettes » (1979), film expérimental, onirique, en couleurs puis en noir & blanc, sur le meurtre d’une prostituée (Rita Russek). Cette dernière confirme que Bergman avait planifié ses funérailles, souhaitant être enterré à Fårö, à côté de sa 5e femme, Ingrid Von Rosen, décédée d’un cancer à 65 ans, en 1995. Bien qu’ayant renoncé à faire des films, il réalise son dernier en 2003, « Sarabande », en numérique, « suite » de « Scènes de la vie conjugale », 30 ans après. Margarethe Von Trotta conclue en expliquant que la vision du « Septième seau » est à l’origine de sa vocation de cinéaste. Elle a arrêté d’être actrice quand elle est devenue réalisatrice. Un documentaire, bien sûr, sur Bergman mais, indirectement, sur Von Trotta qui donne sa vision personnelle du cinéaste. Le choix de faire parler d’autres cinéastes, admirateurs et/ou influencés par son œuvre, est intéressant, sans oublier son fils, Daniel, au double statut. .