Il arrive que certains films séduisent, ne serait-ce qu’un peu, non pas tant du fait de leurs personnages que de leurs décors, voire de leurs accessoires. C’est, dans une certaine mesure, l’impression que l’on peut ressentir à la vision de ce film. Je ne veux pas dire que les personnages principaux ne dégagent aucun charme, au contraire. Catherine Deneuve, jouant le rôle-titre, et Chiara Mastroianni, jouant sa fille, ne peuvent qu’éveiller l’intérêt. Mère et fille dans le film comme elles le sont dans la vie, toutes deux confirment, bien évidemment, leurs talents respectifs. Mais on serait en peine de considérer ces rôles-ci comme essentiels dans leurs carrières.
Claire Darling, donc, décide un beau jour, à la grande surprise de son voisinage, d’organiser un vide grenier dans sa propriété du village de Verderonne (Oise). Et ce n’est pas seulement dans le but de se débarrasser de quelques vieilleries poussiéreuses. En vérité, il s’agit de rien moins que de vider la maison de tous ses meubles et de tous ses objets. Claire Darling a non seulement décidé de tirer un trait sur son passé, mais elle affirme également que, puisqu’elle est en train de vivre le dernier jour de sa vie, elle peut sans regret brader tout ce qu’elle possède. Or il ne s’agit pas de bibelots, mais de meubles et d’objets de grande valeur, qu’elle cède néanmoins à des prix ridiculement bas.
C’est précisément cet environnement et ces objets qui donnent au film un ton d’originalité et font une bonne partie de son charme. Parmi eux, on distingue tout particulièrement une collection d’automates tout à fait remarquables. Il va sans dire qu’au prix où ils sont vendus, les amateurs se les arrachent. C’est à ce moment qu’arrive la fille de Claire Darling qui, bien sûr, s’étonne de la conduite de sa mère. Qu’est-ce qui lui a pris ? Pourquoi affirme-t-elle que ce jour est le dernier de sa vie ? Petit à petit, en introduisant dans le film les personnages à d’autres moments de leur vie, la réalisatrice met en lumière la vérité. Un drame du passé a assombri à jamais la vie de Claire Darling.
Je me garderais d’en dévoiler davantage, bien qu’il n’y ait rien de très original dans ce scénario. Je veux simplement, pour finir, déplorer le peu de crédibilité de certains personnages secondaires. C’est le cas du gendarme joué par Samir Guesmi et, plus encore, du prêtre que joue Johan Leysen. Un prêtre qu’on voit à deux âges de sa vie, très éloignés l’un de l’autre, ce qui laisse supposer qu’il est resté le curé de Verderonne pendant toutes ces années ! Un prêtre qui est dépeint de la manière la plus routinière qui soit, ce qui d’ailleurs irrite Claire Darling qui ne trouve rien de mieux que de lui demander un exorcisme ! Celui-ci refuse dans un premier temps, avant de s’exécuter : une scène le montre s’étant approché subrepticement de la maison, ayant revêtu une chasuble et tenant un goupillon avec lequel il l’asperge copieusement d’eau bénite ! S’il s’agissait d’une comédie, on serait en droit de rire un bon coup. Mais ce n’est pas le cas. La scène n’est pas drôle, elle est surtout extravagante.