Peter Farrelly, auteur de comédies cultes comme "Dumb & Dumber", "Mary à tout prix" ou "Fous d'Irène", revient cette fois-ci pour son premier film réalisé sans son frère.
Basé sur une histoire vraie, "Green Book" nous conte l'histoire de Frank "Tony Lip" Villalonga, un agent de sécurité italo-américain, qui pour subvenir aux besoins de sa famille va escorter Don Shirley, un illustre pianiste afro-américain, pour une tournée jusqu'au Sud du pays, là où les ségrégationnistes Lois Jim Crow sont appliquées.
Partant d'un postulat que l'on connait tous, à savoir deux personnes que tout oppose qui vont vivre un périple dont une réelle amitié va naître ainsi qu'une profonde remise en question de chacun pour en sortir grandit.
Prenant place dans une Amérique de 1962 à l'aube de profonds changements, où le racisme ambiant suit encore un gradient géographique, la trame nous invite donc à suivre ce Tony du Bronx, ordurier, gastronome et bon vivant évoluer dans un monde clinquant, superficiel et où l'hypocrisie règne, en rencontrant ce virtuose de la musique s'étant renfermé sur lui-même et sa passion car n'appartenant réellement à aucun milieu social.
Dénonçant forcément les inégalités, le racisme et l'intolérance via plusieurs scènes, de manière frontale, humoristiques ou sous forme d'allusions implicites (à l'image du l'usage du "Negro Motorist Green Book", guide éponyme indiquent les lieux acceptant les gens de couleur), le film traite également de l'amitié, la famille ou l'amour de la musique, au moyen d'une écriture brillante, nous gratifiant de dialogues complètement savoureux.
Hilarant, Green Book l'est, preuve du savoir-faire non perdu de son réalisateur : l'humour fait mouche, jamais dans la surenchère et toujours au service de la narration, du propos ou des personnages.
En parlant d'eux, impossible de ne pas parler du duo d'acteur impérial qui justifie à lui seul le visionnage.
Viggo Mortensen est excellent dans ce rôle pour lequel il a pris 10 kg, agrémenté d'un accent italien et de toute la gestuelle que cela implique, tout simplement parfaits.
En face, on retrouve un Mahershala Ali tout en nuances et proposant une prestation de maître encore une fois (il n'y a qu'à le voir jouer du piano) dans ce rôle pleine de dignité, de retenue et de colère enfouie.
Sorte de mix entre Intouchables et Philadelphia, le duo fonctionne du tonnerre, cela faisait longtemps qu'on avait pas eu une telle alchimie de ce genre (à noter la présence de Linda Cardellini, mon premier amour de jeunesse dans Freaks & Geeks, qui bien que peu présente, est excellente et pleine de douceur).
A noter une photographie de Sean Porter (Green Room) avec du cachet, une réalisation maîtrisée et une musique de Kris Bowers certes discrète, mais utilisée avec effet intelligemment.
Touchant, humain, respectueux de ses personnages et de son contexte historique, Green Book n'est ni plus ni moins qu'un très bon feel-good movie, lemeilleur depuis un bon moment, et une excellente comédie avec du cœur qui fait du bien à l'âme et l'esprit, dont on ressort avec un très grand sourire.
Une vraie ode à la fraternité.