Avec ce long-métrage, Maggie Gyllenhaal nous montre l’étendue de son talent. En effet, dans le rôle de Lisa, cette institutrice de maternelle à Staten Island, elle se glisse dans un personnage pas forcément facile à appréhender et à la psychologie très complexe. Un rôle très bien écrit mais qui demande beaucoup de finesse à celle qui allait le porter, tant les pensées, les émotions, les frustrations et les ressentis de cette femme sont complexes et parfois ténus. La comédienne, devenue très rare sur les écrans et qui s’est essayée récemment à la mise en scène avec l’encourageant mais un peu décevant « The lost daughter », entre pourtant de pleins pieds dans la peau de cette protagoniste et parvient à retranscrire à la perfection la psyché de Lisa. Loin de toute caricature ou raccourci, elle l’humanise malgré ses névroses et nous permet de la comprendre, simplement et avec toute la retenue nécessaire. Ce n’est certes pas le genre de composition monstre qui prétend à moultes récompenses mais une interprétation d’une infinie justesse.
Outre cet atout de marque qui fait pour beaucoup dans la réussite de « The Kindergarten Teacher », on est pleinement intéressé par cette histoire qui est le remake d’un film israélien éponyme. Certes le premier tiers est un peu long à se mettre en route et le long-métrage abuse peut-être des lectures de poésie, surtout quand est on est peu client de cet art. On ne lui en tiendra pas compte tant la progression du film se fait avec justesse et doigté. Chaque séquence fait virer un peu plus la psychologie du personnage principal vers une sorte de folie larvée. A tel point que la bascule entre le drame psychologique et le suspense se fait habilement, sans que l’on s’en rende compte.
En filigrane, « The Kindergarten Teacher » nous fait réfléchir sur certains aspects de l’éducation et de la transmission du savoir. Le film nous montre comment le talent et les dons de certains enfants peuvent être étouffés plutôt que développées dans nos sociétés. Mais aussi, dans un tout autre domaine, comment la frustration et le sentiment d’échec dans une vie peuvent mener à certains extrêmes. Le transfert que va faire cette institutrice sur cet élève surdoué qui s’ignore est parfaitement rendu. Sans jamais force le trait, en étant au plus près de ses protagonistes, le long-métrage se pose comme une parfaite étude de caractère sur des sujets délicats mais passionnants, notamment quand ils sont, comme ici, traités avec intelligence et objectivité. Quant au final, il enfonce le clou avec brio : lorsque l’écran noir du générique apparaît et que la dernière ligne de dialogue est dite, le constat et la morale du film s’avèrent encore plus évidents.
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